L'école du Dahlia Noir
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 Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé

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Ethan Miller

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MessageSujet: Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé   Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé Icon_minitimeLun 14 Déc - 18:06

"...voilà en quoi cette œuvre de Stendhal, qui peut paraître un peu simpliste dans son abord des pérégrinations d'un jeune homme dans la découverte du monde et de lui-même, nous montre de façon plutôt intelligente la manière dont un malentendu peut conduire de façon irréversible à une incroyable tragédie."

Le Rouge et le Noir avait été un livre bien mal jugé par les critiques de son temps. L'œuvre avait pourtant duré, devenant un incontournable classique aux degrés de lecture assez diverses malgré sa grande facilité d'abord. Miller avait décidé que ce livre constituerait un thème idéal pour les examens prévus avant les prochaines vacances d'hiver.

"Pour le prochain cours, j'aimerais que vous rédigiez des fiches de synthèse, incluant les pistes que je vous ai données en cours ainsi que vos propres remarques. J'en relèverai quelques-unes, notamment pour ceux d'entre vous qui n'ont encore rendu aucun travail personnel. Vous savez qu'il vous faut une note complémentaire, et ne vous plaignez pas : prenez cela comme une chance d'avoir un bonus sur vos résultats d'examens. Bonne journée à tous."

La cloche retentit alors que quelques élèves aux joues un peu trop rouges lui souhaitaient une excellente journée en retour. Les autres bavardaient de choses et d'autre en sortant de la salle, ou commençaient déjà à se lamenter au sujet des contrôles à venir. Tout ce fourmillement fascinait en permanence le professeur, qui ne pouvait y voir qu'une intéressante manifestation de vie.
Une fois la classe vide il rangea ses affaires dans sa sacoche et sortit à son tour. Il devait passer voir le Directeur dans son bureau pour parler des élèves les plus en difficulté et réévaluer leur dossier. Certains des plus à la traîne seraient inscrits d'office aux cours de soutien. Ces derniers se plaindraient certainement, ne se rendant pas compte de la chance qu'on leur accordait là. Insouciante jeunesse...
Alors qu'il fermait la porte à clé, il sentit une présence dans son dos. Ténue, discrète, mais bien là. Posant un beau sourire sur ses lèvres, il se tourna lentement pour faire face à la personne qui, à priori, souhaitait lui parler.

"Mademoiselle Woodworth, avez-vous une question au sujet du cours ? Des problèmes pour la rédaction de votre fiche, peut-être ?"

La jeune fille le regardait, les bras croisés, le regard dur mais sans agressivité. Elle avait une façon bien à elle d'être d'une présence légère tout en occupant l'espace de façon impressionnante.

"Ne vous foutez pas de moi. J'ai besoin qu'on reparle de ce qu'il s'est passé."

Bien sûr qu'il s'en doutait. A son grand désarrois, Christina ne semblait guère passionnée par la littérature et n'était pas du genre à demander de l'aide, pour couronner le tout. Censée participer au cours de soutien qu'il dispensait en fin d'année précédente, elle n'avait quasiment jamais montré le bout de son nez.

*Ce qu'il s'est passé...*

Effectivement, il pouvait comprendre qu'elle ait besoin de poser des mots sur ses angoisses. Mais il y avait un temps pour chaque chose. Et là n'était pas le moment.

"Ma chère Christina, tel que vous me voyez là je n'ai malheureusement guère de temps à vous accorder. J'ai un rendez-vous à honorer et ne puis m'y présenter en retard."

Douceur et politesse. Il était le professeur Miller, et il y avait des choses qu'il ne pouvait aborder dans de telles conditions.
L'adolescente en face de lui sembla se fermer quelque peu, puis soupira en lui jetant un regard noir. Au moins ne manquait-elle pas d'assurance.

"Vous pourriez pas simplement faire comme tout le monde et vous contenter de me dire d'aller me faire foutre ? Ca aurait le mérite d'être plus clair."


Ethan laissa échapper un petit rire sans joie.

"Jamais je ne dirai une chose pareille, voyons. Mais ici je suis votre professeur, comprenez-vous ? Et les choses dont vous souhaitez discuter sont d'ordre privé, si je ne me trompe pas. Alors parlons-en une autre fois, voulez-vous ?"

"Ouais ça va, j'ai compris."

Si elle avait pu le tuer d'un regard, il serait mort dans l'instant, gisant dans son sang sur le carrelage froid du couloir. Mais à la place il la regarda s'éloigner, mains dans les poches, de sa démarche surprenante aux allures masculines. Etrange et fascinante petite chose...qui s'arrêta un instant.

"Au fait, je sais pas si vous avez remarqué, mais ça fait une bonne semaine qu'on a pas vu Gabe. Ca fait trois de vos cours qu'il rate cette semaine... J'dis ça j'dis rien, hein..."

Sur quoi elle repartit sans se retourner pour disparaître au bout du couloir. Rien à voir avec de la délation, Ethan le savait parfaitement. De plus elle savait pertinemment qu'il avait emarqué cette absence dès le premier jour. Il s'agissait donc de sous-entendus exprimés à haute voix par une demoiselle assez maligne et qui en savait long sans vraiment le savoir.
Mais il n'avait pas de temps à perdre avec cela pour l'instant, et c'est d'un pas alerte qu'il se dirigea vers le bureau de O'connel, qui l'accueillit avec courtoisie, comme à son habitude.

--------------------------------------

Une petite heure plus tard, ils avaient fait un premier tri des élèves "en situation urgente". Encore fallait-il décider du nombre exact bénéficiant du soutien scolaire, et déterminer un emploi du temps qui puisse concorder avec le programme classique. Mais il semblait encore y en avoir pour deux bonnes heures... Perspective qui semblait profondément ennuyer le Directeur O'connell qui avait, semblait-il, un important rendez-vous à venir.

"Vous comprenez, Madame de Santo est très inquiète au sujet des résultats de son fils, et je me dois de la rassurer sachant qu'elle fait chaque année de généreuses donations à notre établissement..."

Cette dame était surtout une veuve joyeuse d'une beauté époustouflante et aux moeurs légères qui semblait trouver Andrew particulièrement à son goût. Et Miller aurait juré sans peine que la réciproque était vraie.

"Ne vous en faites pas, je comprends parfaitement. De toute manière je dois préparer mon prochain cours, je vais donc..."

Quelques coups timides frappés à la porte du bureau l'interrompirent. Marina étant absente, c'est O'connell qui se leva pour ouvrir au visiteur.

"Ahmon ! Vous vouliez me parler ?"

Gabriel ? Que venait-il faire ici ? Pourquoi, après plusieurs jours d'absence, se décidait-il à réapparaître devant le bureau du Directeur...?

*Mon petit Gabriel, tu n'oserais tout de même pas...*

Rien n'était moins sûr. Alors qu'il écoutait attentivement le directeur expliquer à son élève qu'il ne pouvait le recevoir immédiatement - lui conseillant de repasser plus tard - Ethan se leva de sa chaise, rangea ses dossiers sans précipitation, et les rejoignit d'un pas tranquille.
Lorsqu'Ahmon le vit enfin, ses yeux s'écarquillèrent plus que de raison et il pâlit en l'espace de quelques secondes. Miller en revanche resta impassible, toujours souriant.

"Mon cher Andrew, je vous laisse donc à vos obligations. Faites-moi savoir lorsque vous aurez un créneau libre pour que nous puissions finir de planifier tout cela."

Après une poignée de main de circonstances, O'connell les salua et referma la porte. L'élève et le professeur étaient à présent seuls, face à face dans le couloir.

"Monsieur Ahmon. C'est un plaisir de vous revoir, votre présence en cours nous a manqué..."

Calme, posé, à la limite de l'indifférence, il affichait son masque impassible de respectable professeur de lettres. Comment y parvenait-il ? Lui-même ne se l'expliquait pas toujours, malgré des années à feindre ce qu'il n'était guère.

"Vous souhaitiez vous entretenir avec le Directeur ? Peut-être pourriez-vous me parler de votre problème."

Lentement et imperceptiblement, il se pencha vers le jeune homme qui semblait paralysé face à lui.

"Après tout, je suis votre professeur, ne l'oubliez pas..."

Le souffle accompagnant ces mots aurait glacé l'échine du plus insensible des êtres.
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MessageSujet: Re: Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé   Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé Icon_minitimeLun 28 Déc - 16:32

Sept jours. Sept jours à m’interroger. Sept jours à ne guère manger. Sept jours à ne dormir que quelques heures durant le jour. Sept jours à fixer le plafond. Sept jours à panser mes blessures. Sept jours à prendre des bains chauds qui m’arrachent de faibles plaintes douloureuses. Sept jours qui me rapprochent de plus en plus à l’état de cadavre squelettique. Sept jours à craindre qu’Il ne passe le seuil de ma porte. Sept jours.

Je dévisage mon reflet dans la glace. Ma ressemblance avec un épouvantail est plutôt frappante. J’incline légèrement le buste et examine avec attention ma lèvre fendue, mes ecchymoses d’une écœurante teinte jaunâtre, mes yeux hagards. Mon torse et mes côtes ne sont plus aussi à vif, mais les plaies sont toujours bien visibles. J’en frôle une du bout du doigt et frissonne.

Je me détourne, dégoûté de ma propre image. C’est à petits pas soigneux que je me dirige vers mon lit où est empilée une tonne de vêtements. Je fouille dans le tas et déniche un pull noir assez moulant – je suis habitué à ne porter que des vêtements excessivement grands. Quant au pantalon, j’opte pour un jeans qui trône sur le sol, devant le lit de mon colocataire. Comme dernière touche finale, j’ébouriffe ma chevelure et prends bien soin de disposer des mèches folles devant mon visage afin de mieux masquer mes quelques meurtrissures.

Une fois à l’extérieur de mon dortoir, je lance des coups d’œil curieux tout autour de moi. Il n’y a personne, soit les étudiants révisent en vue de leur examen soit ils glandent quelque part en ville. Un vent de panique me terrasse tout à coup. Je ne conçois pas encore la décision que j’ai prise. J’inspire profondément, essayant par tous les moyens de me calmer, de faire taire ma nervosité, d’apaiser mon angoisse. J’imagine que j’ai fait le bon choix, que je ne peux pas… accorder à cet homme le pardon et feindre l’indifférence quant à ce qui est arrivé il y a de cela une semaine. Je frémis. N’y pense pas. N’y pense plus.

Je me mets en marche, tout doucement d’abord. Mon postérieur me fait encore souffrir, moins que durant les premiers jours, mais j’imagine qu’une blessure de cet ordre ne guérit pas aussi… rapidement. Je ne me suis pas risqué à de grandes promenades récemment. Déjà que de ma chambre à la salle de bain – qui est tout à côté – me demandait continuellement des efforts hors du commun. J’ignore même comment j’ai pu traverser de longs corridors pour me rendre à mon petit appartement à la suite de… D’ailleurs, je ne m’en souviens plus tellement. J’étais dans un tel état que mes souvenirs s’imbriquent les uns dans les autres, se chevauchent, s’entrelacent, se confondent les uns avec les autres.

J’avance donc lentement, faisant mine de me dégourdir les jambes et de perdre mon temps dans les galeries interminables de l’école. Si je croise des gens, je veille à baisser mon visage et à les ignorer. J’évite de m’aventurer dans les endroits où Il pourrait se retrouver. Je ne suis pas encore prêt pour un face-à-face avec Lui. Si ce n’était que de moi, je ne retournerais plus jamais dans ses classes, mais je ne peux pas échouer à ce cours ni expliquer mon désir de changer de professeur à moins que… J’ai pris la bonne décision.

Je parviens au bureau du directeur sans difficulté. J’inspecte les alentours avec anxiété, redoutant qu’Il surgisse à tout moment. J’inspire une deuxième fois, emmagasine tout mon courage et frappe timidement à la porte. Celle-ci s’ouvre silencieusement, s’effaçant pour laisser apercevoir le visage interrogateur d’Andrew O’Connell. Les lèvres de ce dernier s’étirent en un sourire cordial en me reconnaissant.

— Ahmon! Quelle surprise.

— Bonjour monsieur… Navré de vous importuner, mais j’aimerais…

— Vous voulez me parler? me demande-t-il étonné, puis ses traits s’éclaircissent. Ah, peut-être que vous venez me porter cette commande que je vous ai…

Il s’interrompt et glisse un regard impénétrable derrière son épaule. Bien avant que je ne comprenne ce qu’il surveillait, je Le vois apparaître. Je dois me soutenir au mur pour demeurer debout, mes jambes menaçant de me lâcher à tout instant. Mon esprit est tout à coup en ébullition. Que fait-il là? A-t-il deviné la raison de ma soudaine apparition? J’abaisse vivement mon attention vers la pointe de mes chaussures usées et je me dis qu’il faudrait peut-être que… j’aille m’en acheter des nouvelles. Quelque chose de classe… quelque chose de mieux…

— Mon cher Andrew, je vous laisse donc à vos obligations. Faites-moi savoir lorsque vous aurez un créneau libre pour que nous puissions finir de planifier tout cela.

— Ah, évidemment, je communiquerai avec vous demain à la première heure. Ahmon, revenez donc me voir demain.

Sur ce, sans plus de cérémonie, mon seul espoir me claque la porte au nez, m’abandonnant aux griffes de l’ennemi. Il est immobile à quelques pas de moi. Je sens ses yeux perçants posés sur ma petite carcasse. Je sens son odeur subtile bien différente de l’odeur fauve qui l’accompagnait lors de… Je recule de quelques pas. Je déglutis.

— Monsieur Ahmon. C'est un plaisir de vous revoir, votre présence en cours nous a manqué...

Manqué? Tu aurais souhaité terminer ce que tu avais commencé? Je suis saisi d’un haut-le-cœur particulièrement féroce. Je pourrais lui gerber dessus, ça serait une maigre vengeance comparativement à ce qu’il m’a fait. Je risque un coup d’œil furtif vers Lui. Il est désinvolte, paisible, serein comme si… rien n’avait été vrai… comme si j’avais tout imaginé…

¬— Vous souhaitiez vous entretenir avec le Directeur? Peut-être pourriez-vous me parler de votre problème. Après tout, je suis votre professeur, ne l'oubliez pas...

-Qu’est-ce qui vous fait penser que j’ai un problème? Murmuré-je d’une voix à peine audible.

Il s’est penché vers moi. Il a réduit la distance qui nous séparait, qui me préservait de Lui. Sou souffle chaud a heurté mon visage. Je frissonne. Je ferme étroitement les paupières. Il sait. Il sait que je voulais tout dévoiler, tout avouer au directeur. Tout. Absolument tout. Je voulais raconter à O’connell ma première discussion avec Ethan Miller et décrire en détail cette nuit où il m’a confessé certaines choses… où j’ai enfin vu ce qu’il était… ou du moins, une simple partie. Je n’ai vu qu’une facette sordide et pourrie de cet homme.

Je lève légèrement le menton et croise son regard. Je le dévisage craintivement. Comment fait-il pour afficher un air aussi… impassible? Il n’y a que ce pâle sourire malfaisant qui retrousse la commissure de ses lèvres pour prouver… pour confirmer ce qu’il m’a fait. Alors que je le contemple, je me rends compte que… qu’Il me fascine toujours autant.

Je ravale ma salive avec misère et m’obstine à garder les yeux rivés sur le sol.

— Je devais… remettre certaines choses au directeur… C’est tout. Je… Je ne pense pas que vous puissiez… m’aider, professeur.

Je devrais peut-être forcer la porte du bureau du directeur. Je devrais peut-être réagir au lieu de rester planté là comme un piquet, mais le moindre mouvement brusque m’est impossible.
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MessageSujet: Re: Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé   Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé Icon_minitimeSam 30 Jan - 12:45

-Qu’est-ce qui vous fait penser que j’ai un problème?

*L'odeur de peur qui émane de toi...les tremblements de ta voix peut-être...*

— Je devais… remettre certaines choses au directeur… C’est tout. Je… Je ne pense pas que vous puissiez… m’aider, professeur.

Miller se redressa lentement, ce doux et ambigu sourire flottant toujours sur ses lèvres. Du bout de l'index il remonta ses lunettes et plissa légèrement les yeux.

"Je mets un point d'honneur à venir en aide à mes chers élèves, Monsieur Ahmon. Vous devriez le savoir..."

Il observait le garçon, une étrange lueur dans le regard malgré son masque de cire.

"Votre absence nous a inquiétés. L'une de vos...camarades de classe m'a fait une remarque à ce sujet d'ailleurs. Christina Woodworth, vous devez savoir de qui je parle..."

Passant sa sacoche dans sa main gauche, il "invita" soudainement Gabriel à le suivre dans le couloir, le poussant doucement mais fermement d'une main dans le dos.

"Les examens sont pour bientôt, et si vous ratez trop de cours, vous risquez d'être à la traîne..."

Ils avaient déjà parcouru quelques mètres dans le couloir désert, leurs semelles claquant sur le carrelage austère du vieux bâtiment.

"...bien que je puisse vous prendre en cours de rattrapage."

Il avait volontairement appuyé sur le terme, et scrutait à présent la moindre réaction de son élève. Un léger tremblement, une crispation ténue...c'était tellement...délectable.

*Quand es-tu devenu comme cela Ethan ? Comment as-tu changé à ce point ?*

Avait-il jamais été différent ? Oui. Peut-être. Certainement. Seulement Ethan Miller, le vrai, fils de William et Elizabeth Miller...celui-là avait disparu des années de cela, entraîné dans le néant par sa bêtise. Et la chose qui l'avait remplacé, si elle s'était totalement identifié à lui les premiers temps, semblait vouloir s'affranchir de tout ce qu'avait été cet imbécile.

*Tu es un monstre Ethan...un monstre, un monstre, un monstre !*

Il partit d'un rire léger, comme s'il s'était rappelé la chute d'une histoire drôle. A ses côtés, Ahmon semblait pris entre prudence et envie de fuir.

"Détendez-vous Gabriel. Je ne vais pas vous manger. Alors, racontez-moi : vous avez attrapé un rhume ? Votre colocataire vous a kidnappé ?"

Le professeur s'amusait, feignant l'ignorance. La raison de l'absence de son élève ? La peur, la honte, le trauma subit cette fameuse nuit. Malgré tout Miller était plutôt admiratif : il avait pensé que le garçon aurait soit cherché à se suicider, soit couru se confier à quelqu'un...auquel cas il aurait dû faire le ménage. Mais non, il s'était recroquevillé sur lui-même une semaine entière. Pourquoi cette hésitation ?
Les deux hommes venaient d'atteindre le bout du corridor. Le grand blond saisit brusquement l'adolescent par le bras, le tournant vers lui, stoppant net sa marche.

"Bon. Soyons sérieux deux petites minutes."

Il jeta un regard furtif de part et d'autre : personne, même pas un chat pour surprendre leur conversation. A croire que les dieux étaient contre le pauvre garçon...ou que le professeur était dans un bon jour.

"Je sais parfaitement pourquoi tu t'es terré dans ta chambre. Je sais aussi ce que tu venais faire chez O'Connell. Je ne suis pas stupide à ce point..."

Fermement, il tira Gabriel à lui et baissa d'un ton.

"Ce qui m'intéresse...la véritable question, vois-tu..."

Pourquoi seulement maintenant ? Avait-il hésité ? Pour quelle raison ? Etait-il perturbé à ce point ? Si c'était le cas, ce garçon n'en était que plus intéressant...

"Je sais que tu n'as rien dis à personne. Personne ne sait, c'est à peine si les autres ont remarqué ton absence, et je sais parfaitement que tu n'as pas parlé avec Chris..."

Non, elle c'était une autre histoire.

"Tu te décides enfin, après une semaine. Te rends-tu compte du temps que cela représente ? Pourquoi ce délais ? Pourquoi as-tu hésité si longtemps avant de demander qu'on me cloue au pilori ? Ne vas pas me dire que tu ne pouvais pas te lever ou encore que tu avais peur qu'on ne te croies pas. Alors dis-moi. En toute franchise. Pourquoi ?"

Il scrutait son visage, les yeux avides, à la recherche d'une réponse, d'un indice. Imperceptiblement ses doigts se resserrèrent autour du bras de Gabriel, comme s'il avait peur qu'il lui échappe avant d'avoir répondu.
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MessageSujet: Re: Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé   Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé Icon_minitimeVen 5 Fév - 23:42

Il m’éloigne de plus en plus du bureau du directeur. L’idée de beugler, d’hurler, de m’époumoner me titille l’esprit, mais je doute qu’Il ne me laisse… alarmer toute l’école. C’est donc avec une main brûlante dans le dos que j’avance, essayant de suivre Ses grandes enjambées. Son simple contact me bouleverse l’estomac. Sa voix doucereuse me susurre des mots inoffensifs, mais qui me font frémir. Tout à coup, sa main se déplace, s’envole jusqu’à mon épaule, exerce une pression – je grimace – et m’incite à m’immobiliser. Je l’observe du coin de l’œil, méfiant mais terriblement curieux.

-Bon. Soyons sérieux deux petites minutes. Je sais parfaitement pourquoi tu t'es terré dans ta chambre. Je sais aussi ce que tu venais faire chez O'Connell. Je ne suis pas stupide à ce point...

Malheureusement. Je soupire. J’incline de plus en plus ma nuque, enfonçant ma tête entre mes épaules. Ma chevelure hirsute et emmêlée m’obstrue la vue, ce qui me satisfait. Mes yeux, fixes, scrutent Ses souliers. Chaussures noires cirées, reluisantes, bien entretenues. Un peu comme leur propriétaire : d’apparence il est très bien, mais en dessous de sa beauté et de sa chair il y a… cette chose.

-Ce qui m'intéresse... la véritable question, vois-tu... Je sais que tu n'as rien dit à personne. Personne ne sait, c'est à peine si les autres ont remarqué ton absence, et je sais parfaitement que tu n'as pas parlé avec Chris...

J’arque un sourcil. Non, effectivement, je n’ai rien avoué et surtout pas à cette jeune… personne. Et d’ailleurs, que lui aurais-je dit ? Ah, Chris, la dernière fois que l’on s’est vus, c’était quand Savage m’a violemment tabassé et que tu as fouillé dans mes photographies et vois-tu, maintenant je me fais violer par les professeurs timbrés. Les Dieux en ont vraiment après moi, tu ne trouves pas ?

Ethan Miller agrippe mes bras et m’attire à lui. Je panique. Je me raidis. Je me sens étourdi, faible… comme si j’allais m’évanouir. Mais si je m’évanouis dans ses bras, il devra me conduire quelque part… Je frissonne. J’ai soudain envie de rejeter mon déjeuner.

-Tu te décides enfin, après une semaine. Te rends-tu compte du temps que cela représente ? Pourquoi ce délai ? Pourquoi as-tu hésité si longtemps avant de demander qu'on me cloue au pilori ? Ne va pas me dire que tu ne pouvais pas te lever ou encore que tu avais peur qu'on ne te croie pas. Alors, dis-moi. En toute franchise. Pourquoi ?

Pourquoi ? Lentement, sans comprendre réellement le sens de sa question, je redresse l’échine et le dévisage intensément. J’en oublie momentanément ma peur, car oui… J’ai terriblement peur. Je le crains, mais il me… Il est un spécimen tellement… hypnotisant. Ses yeux bleus, si froids et si morts, me transpercent, me fourragent de belle manière. Ils cherchent une réponse. Ses doigts se resserrent douloureusement sur mes bras… je grimace. J’aimerais qu’il me libère, qu’il recule, qu’il s’écarte de quelques mètres pour que je me sente un tant soit peu en sécurité.

-D’abord, j’étais incapable d’accepter l’idée que… Je refusais de croire que…

Ma bouche est pâteuse. Ma vue s’agite, le décor bouge. Je chancèle.

-Ensuite… Je m’étais convaincu que rien ne s’était passé. Mais… je ne parvenais pas à oublier.

Non. Je ressentais encore la chaleur de ses mains cruelles sur ma peau, son souffle dans mon cou, ses lèvres sur ma bouche, ses dents plantées dans mon épaule, son bassin contre mes fesses, son sexe dans mon cul. Mon corps se souvenait de ses mouvements brutaux. Mon corps refusait d’oublier alors que ma tête s’efforçait en vain de classer l’évènement.

-Et j’ai voulu… me venger. Tout raconter pouvait me soulager, vous importuner pendant quelque temps… mais… Je n’arrivais pas à me motiver. Vous dénoncer…

Le dénoncer ruinerait mes plans, mais le laisser courir librement m’affolait beaucoup trop. Sans lui dans les parages, peut-être aurais-je pu me reprendre en main et continuer mes petites enquêtes en toute quiétude. Avec lui… qui accapare toutes mes pensées, je n’arrive plus à me concentrer sur la tâche que je me suis personnellement confiée.

-Mais vous dénoncer… me condamnait à ne plus pouvoir vous étudier…

Voilà… J’ai tout avoué en un souffle à peine audible. Et je n’ose plus le regarder. Oui, le dénoncer était embêtant, mais la logique a remporté sur l’irrationnel. Un violeur doit souffrir. Un tueur, aussi. C’était une pierre deux coups. Je tremble de fatigue. Je tremble de faiblesse.

-Et vous… Pourquoi vous en préoccuper ? Qu’est-ce ça peut vous faire de connaître tout ça ?
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MessageSujet: Re: Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé   Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé Icon_minitimeDim 7 Fév - 18:03

Caché sous sa tignasse brune et hirsute, l'adolescent s'était décidé à parler. Miller ne bougeait pas, ne disait mot. Pour un peu il aurait arrêté de respirer, pour ne pas perturber cette confession, ne pas perdre une seule miette de ce qu'Ahmon lui donnait.

-Mais vous dénoncer… me condamnait à ne plus pouvoir vous étudier…

Ses soupçons venaient de se confirmer. Une joie étrange et malsaine s'insinua en lui et il ne pu réprimer un rire. Sec, fou, violent. Le professeur riait comme un enfant, son corps secoué de spasmes irrépressibles. Ses mains relâchèrent l'adolescent, il recula machinalement, riant toujours, jusqu'à ce que son dos rencontre le mur.

-Et vous… Pourquoi vous en préoccuper ? Qu’est-ce ça peut vous faire de connaître tout ça ?

Le rire commençait à s'atténuer doucement. Ethan, dont les longs cheveux blonds venaient à présent recouvrir partiellement le visage alors qu'il collait le revers de sa main sur ses lèvres comme pour les sceller, regardait son élève fixement. Lorsqu'il ôta ses lunettes, repoussant quelques mèches au passage, ses yeux pétillaient étrangement.

"Ce que cela peut me faire ? Mais c'est la clé, Gabriel, la clé !"

Son rire s'était éteint, mais un sourire carnassier l'avait remplacé. Ses yeux glacés quittèrent un moment le garçon pour scruter le plafond, comme s'il pouvait y voir quelque chose d'une extrême importance. Puis, lentement, ils revinrent se fixer sur lui, emplis d'une émotion palpable mais incompréhensible.

"Tu es encore plus prometteur que je n'aurais osé l'espérer, voilà ce que cela signifie. Les valeurs morales, l'estime de soi, sont des carcans sociaux. Ce sont eux qui empêchent les hommes de voir, de comprendre ce qu'ils ont sous leurs yeux depuis la nuit des temps. Les gens se voilent la face, Gabriel. Et tu essaies de faire de même. Tu n'y peux rien, bien évidemment : ton jeune âge et l'éducation que tu as reçue, le milieu dans lequel tu as grandi en sont responsables. Mais ce n'est pas dans ta nature profonde..."

Le professeur semblait emporté par un enthousiasme nouveau. Au fur et à mesure de son discours, il se rapprochait d'Ahmon.

"... Tu es spécial, Gabriel. Particulier. Là où la cruelle vérité en rendrait fou plus d'un, tu es capable de l'accepter seulement pour satisfaire ta propre curiosité ! Tu es un peu comme un diamant à l'état brut. Et je suis une sorte de diamantaire, vois-tu. Je porte une admiration sans bornes aux diamants, bien évidemment, mais ils n'ont que peu d'intérêt pour moi puisqu'ils sont aboutis..."

L'étrange jeune fille en était un. L'un des plus parfait qu'il ait jamais vu, mais...

"... Les diamants bruts en revanche doivent être taillés pour révéler tout leur potentiel. Il s'agit d'un défi à relever : bien taillé il vaudra une fortune, mais à la moindre erreur il sera bon à jeter."

Le grand blond était pris d'une frénésie à peine visible mais bien réelle. Il se trouvait à présent tout près de son élève, penché vers lui, lui susurrant presque à l'oreille les mots composant son discours décousu.

"J'ai cru t'avoir perdu, mais tu as dépassé tous mes espoirs."

Il se tut, se redressa, repoussa ses cheveux en arrière, remit ses lunettes. Ethan Miller avait retrouvé son calme et couvait à présent l'adolescent de l'éternel regard bienveillant dont il gratifiait ses élèves. Sauf que l'on pouvait à présent y discerner autre chose...une lueur de fierté peut-être.

"Maintenant que je sais ce que je voulais savoir, je vais me montrer juste et franc envers toi. Je ne me répèterai pas, alors ouvre grand tes oreilles."

Il marqua une pause pour signifier l'importance de ce qui allait suivre.

"Je vais accéder à ta requête, celle que tu as formulé la dernière fois."

Cette fameuse nuit...

"J'accepte de satisfaire ta curiosité. Je répondrai à tes questions, quelles qu'elles soient. Je te dirai tout ce que tu veux savoir, puisque c'est ce qui compte le plus pour toi. Mais il y a des conditions. Ici je suis un professeur de lettres respecté. Tu devras continuer à agir envers moi comme tu l'as toujours fait et tu ne posera tes questions qu'en dehors de mon travail..."

Des pas se firent entendre dans le couloir. Deux élèves qui ne faisaient que passer, et qui saluèrent Miller en rougissant avant de continuer leur chemin en courant. Lorsqu'elles eurent disparu, il reprit.

"Tout ce dont nous parlerons devras rester entre nous. Et là je vais me montrer plus explicite que la dernière fois."

Il se pencha vers Gabriel pour lui murmurer à l'oreille.

"Si j'apprends que tu as ébruité quoi que ce soit me concernant, je te tue."

Lorsqu'il reprit ses distances, son visage ne laissait rien paraître.

"Cela comprend l'affaire dont tu souhaitais t'entretenir avec O'Connell, cela me paraît évident."

Son regard détaillait attentivement le garçon, cherchant dans son attitude un début de réponse.

"Alors, qu'en penses-tu ?"

De loin, il aurait été impossible pour quiconque de deviner la nature de la discussion qui avait lieu entre les deux hommes.
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MessageSujet: Re: Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé   Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé Icon_minitimeVen 19 Fév - 15:28

[C'est pas top... ]

-Tout ce dont nous parlerons devra rester entre nous. Et là je vais me montrer plus explicite que la dernière fois. Si j'apprends que tu as ébruité quoi que ce soit me concernant, je te tue. Cela comprend l'affaire dont tu souhaitais t'entretenir avec O'Connell, cela me paraît évident.

Nous nous dévisageons longuement. Je mesure les possibilités de cette offre plus que généreuse, me soupçonnant sous l’emprise d’une hallucination. Il me propose de partager son savoir, de puiser à même la source sans qu’il ne m’oppose une farouche résistance. Seule condition : mon silence. Je frisonne. Sa menace plane au-dessus de ma tête, tourbillonne autour de moi. Je serais idiot d’accepter, ce professeur ne m’apporterait que des ennuis au final, peut-être mettrait-il sa menace à exécution. Mais refuser… Pensif, je caresse doucement mes lèvres. Refuser m’est impossible. J’ai souhaité ce moment depuis si longtemps.

-Alors, qu'en penses-tu ?

Je passe une main dans ma chevelure et la secoue. Je me mordille la langue avec nervosité, ne sachant que répondre. Je me jette volontairement dans la gueule du loup ou j’attends patiemment qu’il me happe ? Le professeur est silencieux, son regard particulièrement intense. Je le fuis. Mes yeux s’attardent sur la fenêtre proche de Miller. Je vois la cour de l’école puis la forêt dense et sombre qui s’étend et se déploie dans toutes les directions. Cette forêt recèle de dangereux secrets, de mystérieuses créatures. Et je peux les étudier à travers Ethan Miller, celui que je m’étais promis d’éviter.

-Je suis d’accord.

Ma voix est incertaine, comme si elle s’opposait à ma décision. Mon corps est parcouru d’un fourmillement fébrile, effrayé par ma détermination. Je le supporterai. Je le supporterai tant qu’il m’apporte des renseignements, qu’il me satisfait. Je le supporterai et ne soufflerai mot. Après la peur suit l’excitation. Je me permets un léger sourire triomphant.

-Mais je veux des réponses maintenant.

Je pose sur lui mon regard enfiévré. Oui, immédiatement, sinon je crains qu’il ne respecte pas ses engagements. J’inspecte les alentours, nous sommes seuls, mais quiconque peut surgir et ruiner mon interrogation. Je l’invite à me suivre. Nous marchons silencieusement dans les corridors, je vérifie les salles de classes, certaines sont occupées d’autres non. J’en sélectionne une et m’engouffre à l’intérieur, la porte claque derrière moi. Je ne me retourne pas, je sais qu’il est là. Je sens sa présence. Les questions se bousculent dans ma tête, je ne sais laquelle choisir.

-L’autre soir, vous prétendiez connaître ce que les gens ignorent et vous aviez avoué que lors de notre première rencontre, vous aviez vu quelque chose… C’était quoi ?

Je pivote sur mes talons pour lui faire face, non pour l’affronter mais plutôt pour l’examiner. J’espère découvrir un indice sur ses traits, une sorte de révélation percutante dans son visage indéchiffrable. Mes mains tremblent, je croise les bras et les plaquent sous mes aisselles… afin de contenir leur agitation.

-Et ce viol, professeur Miller, pourquoi l’avoir… commis ? Qu’est-ce qu’il vous apportait ? En quoi est-ce que c’était une « leçon » ?

Les plaisirs de la chair, je ne les ai jamais réellement compris. À mes yeux, c’est aussi nébuleux qu’Ethan Miller. J’ai jamais éprouvé le besoin de m’épancher ni même de me frotter contre la peau d’une autre personne. Kathleen… c’était différent. C’était une sorte de… d’expérience… de jeu autant pour elle que pour moi… je suppose. Non… en fait c’était plutôt des envies qu’elle devait libérer… Je plisse le nez.

-Vous avez évoqué des faits troublants concernant… cette entente avec… quelque chose. Était-ce une divagation d’un esprit malade ou la vérité ?

Je n’arrive pas à faire le tri dans les propos qu’il a tenus cette nuit-là, qu’est-ce qui était vrai ou faux ? Il ne paraissait pas avoir toute sa tête, pourtant il semblait présent… réel. Cependant, ses discours étaient décousus, complètement fous et souvent incompréhensibles. Il sautait d’une époque à l’autre, chevauchait plusieurs sujets, survolait un passé sombre et éclaté. Je n’arrivais pas à le suivre.

-Et dites-moi, monsieur Miller, comment allez-vous façonner ce diamant brut dont vous parliez tout à l’heure ?

Je saute d’un sujet à l’autre… trop de questions. Trop de curiosité. Si je continue sur cette lancée, je risque de développer une douloureuse migraine.
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MessageSujet: Re: Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé   Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé Icon_minitimeMer 24 Fév - 19:12

Le brun hésita, s'agita. Ses mains s'égarèrent dans sa chevelure hirsute. Son cœur balança entre raison et envie. Et finalement...

-Je suis d’accord.

L'élève ne déçut pas son professeur. Il venait de s'engager sur le chemin au bout duquel Miller l'attendait.

-Mais je veux des réponses maintenant.

Impatient, encore et toujours. Il entraîna le grand blond à sa suite dans une salle vide, s'assurant que personne ne viendrait les déranger. Un changement d'attitude absolument radical : la curiosité avait transcendé la peur. C'était cette fougue insoupçonnable qui faisait de ce garçon un être spécial, à part, intéressant pour Ethan. Ce dernier laissa fuser les questions qui survenaient à un rythme effréné. Comme il aurait pu s'y attendre de la part de Gabriel.
D'un geste de la main il intima à l'adolescent de se calmer, même s'il ne pouvait s'empêcher d'arborer un énigmatique sourire. Un peu comme s'il n'avait attendu que cet instant.

"Une chose à la fois veux-tu ?"

Prenant son temps il fit quelques pas, tira une chaise pour la poster face à Ahmon, s'assit lentement, croisa les jambes. Sans le lâcher du regard, il retira ses lunettes qu'il plia et rangea dans la poche de sa veste.

"Pour commencer, je ne prétends rien connaître. Il y a des choses que je sais, d'autre que je ne sais pas. Celles entrant dans la première catégorie sont bien plus nombreuses que chez la plupart de nos semblables, et ce pour la simple et bonne raison que mon niveau de conscience est plus élevé..."

Il marqua une pose, ses yeux balayant un instant les murs de la salle derrière son interlocuteur, puis reprit.

"Ne te méprends pas, je ne parle pas ici d'une sorte d'intelligence supérieure, bien que j'ai effectivement un quotient intellectuel particulièrement élevé. Non, je te parle ici de savoir des choses. Par exemple, certains croient à l'existence du Diable, d'autres non. Pour ma part, je sais simplement qu'il existe. C'est un fait, rien de plus. Mais cela influe sur ma perception même du monde. Croire et savoir sont des situations tout à fait différentes qui changent de nombreux paramètres."

Ses doigts passèrent machinalement dans ses cheveux, séparant de longues mèches d'un blond cendré.

"Je vois effectivement des détails invisibles aux yeux des autres. Je vois sous le masque Gabriel, voilà la réalité. Cela ne me donne pas toutes les réponses, mais des pistes à suivre..."

Le professeur se leva brusquement pour se rapprocher du garçon. D'un geste d'une douceur infinie, il lui effleura la mâchoire du bout des doigts.

"Ce que j'ai vu, c'était ta noirceur Gabriel. Sous ta discrétion, derrière ta timidité, au delà de l'objectif derrière lequel tu te caches constamment... Les autres pensent simplement que tu es légèrement autiste, renfermé sur toi-même : mais en réalité tu vis par procuration. Tu te nourris du spectacle que tu photographie. Plus la situation est malsaine, dérangeante, plus elle bafoue les codes de la morale, et plus tu prends du plaisir à saisir l'instant, à le capturer pour mieux t'en repaître. Tu es un pêcheur Gabriel. Tu es avide, tu as faim, et tu ne recules devant rien pour te nourrir. Au fond tu es comme moi. C'est ce que j'ai vu lorsque je t'ai aperçu la première fois."

Sa main quitta la peau d'Ahmon. Il recula d'un pas.

"Et quant à savoir ce que ce viol m'a apporté...disons une grande satisfaction, en ce qui concerne ma part sombre."

Le sourire qu'il afficha soudain n'avait rien de doux. Oui, il avait pris beaucoup de plaisir à malmener ce corps, à l'abîmer, à le salir... Mais plus que le traumatisme physique, sa véritable proie avait été l'esprit du garçon.

"Et j'étais curieux de confirmer ma première impression : je voulais savoir dans quel état tu en ressortirai...état psychologique bien entendu. Il se trouve que je n'ai pas été déçu puisque nous voilà en train d'avoir cette discussion."

Miller retourna prendre place sur sa chaise avec une nonchalance et une décontraction étonnantes. Il paraissait d'excellente humeur. Quant à savoir si cela était bon ou mauvais signe...

"Tout est lié. Lié à cette "entente" dont tu parles et qui n'en est pas une. Je suis peut-être fou. Après tout je ne peux pas être neutre vis à vis de moi-même ou avoir le moindre recul. Peut-être suis-je paranoïaque, schizophrénique, que sais-je encore. Si c'est le cas, alors ce que je pense avoir vécu n'a jamais eu lieu, et les loups-garous n'existent pas. Mais puisque tu les as vus toi aussi, considérons donc que nous vivons dans la même réalité. Dans ce cas je suis parfaitement sain d'esprit. Oui, c'est cela, partons sur cette hypothèse..."

Ses doigts malaxèrent furtivement le lobe de son oreille droite avant de retomber.

"Nous sommes semblables, comme je te l'ai expliqué. Regardons ta situation : ta curiosité engendre chez toi une fascination à mon égard. Je suis pourtant une source de malheurs pour toi, comme tu aurais dû le comprendre au départ. Tu as même payé ta petite incursion "en nature". Cela ne t'empêche pas d'avoir accepté ma proposition uniquement pour satisfaire ta soif de connaissances. Maintenant prenons mon cas : il se trouve que j'ai eu le même genre d'opportunité. Sauf que j'ai été d'une inconscience encore plus grande puisque je suis allé chercher le savoir là où aucun être humain ne devrait mettre les pieds. Et j'ai dû payer, moi aussi. La note a simplement été plus lourde, et j'y suis en partie resté."

C'était un euphémisme puisque qu'il n'y était pas resté en partie, mais plutôt qu'il n'en était revenu qu'à moitié. Et il n'était même pas sûr d'être encore lui-même. Une différence bien plus importante qu'on n'aurait pu le soupçonner.
Ethan observait son élève. Comprenait-il ne serait-ce que le dixième de ce qu'il venait de lui dire ? Etait-ce réellement compréhensible par quelqu'un n'ayant rien vécu de la sorte ? Etait-ce seulement crédible ? Le parallèle entre leurs deux situations suffirait-il à lui faire réaliser l'ironie de leur rencontre ? Peu importait de toute manière. Gabriel voulait des réponses, il les lui donnait : ce qu'il en ferait par la suite était son affaire, tant qu'elles n'arrivaient aux oreilles de personne d'autre.

"Tout cela doit te sembler abracadabrant. Mais finalement pas plus que l'existence des créatures dont nous connaissons tous deux l'existence. Et ce n'est pas comme si j'était le seul à avoir accès à cet "instinct" qui m'en dit beaucoup sur les autres..."

...puisqu'il y avait notamment une personne dans cette école qui "savait" beaucoup de chose, notamment que lui, Ethan Miller, n'était pas celui qu'il prétendait être.
Il lâcha un soupir alors que cette pensée lui traversait l'esprit : il allait devoir finir par avoir cette fameuse discussion avec elle. Seulement pas avant d'avoir décidé de ce qu'il lui dévoilerai...ou pas.
Son esprit revint à Gabriel qui le fixait étrangement. Essayait-il d'intégrer toutes les informations ou bien attendait-il simplement une réponse à sa dernière question ?

"Ah le diamant dont je parlais...belle métaphore, n'est-ce pas ?"

Il se pencha en avant, appuyant ses coudes sur ses genoux, regardant l'adolescent par en dessous, les yeux presque rieurs.

"Avec mon aide tu deviendras ce diamant. Je peux t'apporter des réponses, des connaissances, des informations. Des savoirs théoriques, et pratiques. Pour l'instant tu n'es qu'un observateur apeuré que le danger excite. Mais tu peux devenir acteur de ta vie Gabriel. Pas d'une vie morne, fade, fantomatique. Ton destin est plus brillant que cela. Mais seul tu n'iras nulle part. Je peux te guider pour que tu deviennes ce diamant...à condition que tu survives jusque là bien sûr, les risques ne sont pas à exclure."

Le diamant brut pouvait toujours présenter un infime défaut qui ne se révélait que lors de la taille. A cet instant il était déjà trop tard et la pierre pouvait éclater. Restait à savoir si le garçon présentait une faille qui lui serait fatale.
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MessageSujet: Re: Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé   Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé Icon_minitimeMar 16 Mar - 23:07

[J'espère que ça va te plaire]

En ce moment, il ressemble au professeur doux et aimable que tous connaissent, l’hostilité et la noirceur de ses prunelles bleutées ayant disparues discrètement derrière un masque d’amusement. Évidemment, comment se douter de la personnalité lugubre et malsaine qui anime ce pantin séduisant et charismatique ? Tous se font berner par son visage ferme, ses yeux limpides, son sourire mystérieux, sa longue chevelure pâle, sa voix profonde, son corps élancé et robuste. Dois-je dire qu’il est l’incarnation du mal ? Peut-on le supposer ? Ethan Miller commet des meurtres pour préserver l’humanité d’un chaos démoniaque, il violente, il est fou. Est-il fondamentalement mauvais ? Qu’est-ce qu’être mauvais ? Distraitement, je caresse l’endroit où il m’a effleuré quelques instants plus tôt. Le contact a été délicat et rapide, rien d’alarmant ni de rassurant… seulement un contact déstabilisant.

-J’aimerais bien que vous soyez… mon guide, professeur Miller, dis-je péniblement, évitant son regard perçant.

Ses mots me sont arrachés de force, je les réprimerais bien si j’en avais la possibilité, mais je ne peux pas… ou plutôt ne me le permets pas. Qui d’autre que lui pourrait enrichir mes connaissances et les repousser jusqu’aux frontières de la folie ? Qui d’autre voudrait me prendre sous son aile ? J’aimerais le rejoindre, mais par un autre chemin… le sien étant beaucoup trop trouble et sanglant.

-Toutefois… j’aimerais qu’une chose soit bien claire entre nous dès maintenant.

Je cherche nerveusement ses yeux froids d’où percent une étrange lueur et le fixe sans ciller. Mon corps est tendu à se rompre, ou comme un animal prêt à attaquer, et mes mains moites se crispent dans mes poches.

-Je ne veux pas les chasser, je veux seulement vous étudier et apprendre ce que vous savez sur eux, sur vous, sur le monde. Vous avez raison en ce qui me concerne, je vis par les yeux des autres ou par mes photographies… et je veux vivre à travers vos yeux à vous. J’ignore si c’est tout ce que je veux de vous, mais pour l’instant…

J’aurais pu lui imposer le caprice d’un périmètre de sécurité autour de ma personne, pourquoi pas cinq mètres ? J’aurais pu lui brandir un doigt sous le nez et lui interdire de me toucher de nouveau, que ses déviances devraient restées enfermées dans le placard pendant ma présence, mais je suppose qu’Ethan Miller n’en fait qu’à sa tête. Pourtant, il m’était essentiel de l’avertir sur ce que j’attendais réellement de lui. Je suis un parasite. Ma mère ne cesse de me le répéter. À force de demeurer dans l’ombre, on finit par apprécier les ténèbres. Eh puis… vivre de moi-même ne fait que m’attirer de plus en plus d’ennuis, alors vivre à travers une personne m’éviterait quelques blessures douloureuses…

À contrecœur, je m’avance lentement vers l’homme et tire une chaise afin de la positionner face à lui. Doucement, je pose mes fesses endolories sur la surface dure et grimace sous la douleur. Nous sommes proches, nos genoux se frôlent. J’ai un sursaut, amorce un mouvement brusque pour m’éloigner, mais je me maîtrise. Inutile de jouer la jeune pucelle terrifiée, je ne ferais que me ridiculiser encore plus devant lui. L’autre fois, il n’a fallu qu’une main sur sa poitrine pour que les évènements s’enchaînent. Et si je déposais mes mains sur ses genoux ou si je lui effleurais la mâchoire, les évènements se reproduiraient-ils ? Je frémis. J’ignore si j’ai particulièrement envie de connaître la réponse à cette question… pas maintenant. Mon cul m’envoie des élancements de protestation.

-Pour l’instant… Avez-vous des doutes sur certaines personnes ? Des étudiants ou des employés qui seraient des Loups-Garous ?

J’ai quelques soupçons sur certains élèves. D’abord Rusty Savage… personnellement, un garçon qui me remodèle le visage avec quelques coups de poing féroces n’a rien d’humain, mais il paraîtrait que je suis extrêmement sensible. Et si Savage était un Loup, Miller devrait l’exterminer pour le salut de son âme ? Je me tapote la lèvre, quelque peu pensif. Il y a Christina qui est étrange, également. Contrairement à Miller, je ne vais pas partir guerroyer en apprenant l’identité véritable de certains de mes compagnons de classe… je vais plutôt les étudier minutieusement. Du moins, c’est ce que je compte faire pour le moment.

-Dites… comment en êtes-vous venu à exécuter cette tâche ? Je veux dire… vous vous êtes réveillé un bon matin avec l’ambition de procéder à l’épuration de la race humaine ?

L’idée est un peu saugrenue, mais amusante. Il y a tellement d’interrogations qui virevoltent dans ma tête que je ne sais plus laquelle sélectionner, alors tout sort dans un mélange décousu. Je suis trop curieux, trop anxieux. J’ai peur qu’un indésirable n’ouvre la porte et interrompe cette conversation, j’ai peur que nos genoux se touchent - comme ça, parfois on a des peurs loufoques -, j’ai peur d’oublier mes questions et de rester complètement muet et immobile devant cet homme. Je devrais commencer par le début, tout effacer et tout reformuler. Je balaie un nuage invisible devant mes yeux, comme pour chasser mes pensées. Miller est toujours aussi paisible, attentif, patient. J’aimerais savoir ce qui se trame dans ce cerveau nébuleux, voir comment les rouages fonctionnent, comment les connexions se font les unes avec les autres. Je me penche vers lui, répugnant à m’approcher, hésitant à ne pas le faire.

-Vous dites que vous pouvez m’apporter beaucoup, alors commencez à tailler le diamant que je suis. Je suis curieux, Ethan, comment allez-vous me changer de sorte que je devienne cet acteur dont vous parlez ? De toute façon… l’acteur ne m’intéresse pas, je veux en connaître davantage sur vous. Je vous ai déjà demandé ce que vous étiez, et vous avez répondu.

Quelqu’un de sombre. Une personne désemparée. J’ai vu trois facettes de votre personnalité : l’enfant, l’homme, le démon. Y a-t-il autre chose ? Ce que je ne comprends pas, c’est l’évolution… ou plutôt la brisure dans cette évolution. L’enfant démuni et blessé, l’homme bienveillant et le chasseur sans pitié.

-Comment êtes-vous devenu Ethan Miller, professeur ? Et je ne fais pas allusion à l’enseignant passionné et gentil… mais à celui que vous m’avez montré cette nuit-là. Quelles sont les épreuves qu’un homme doit subir pour se métamorphoser en la chose qui vous habite ?

J’imagine que je pourrais avoir d’autres sujets de conversation, j’imagine que je pourrais être à cent lieues d’ici… mais je reste bel et bien assis sur ma chaise, mon visage tendu vers lui, mes mains tordues sur mes genoux. Peut-être qu’il est fou, que le pauvre n’a plus toute sa tête… mais j’ai l’impression qu’il est entièrement lucide. Trop lucide. Ou, c’est peut-être moi qui l’hallucine. Mes mains se dressent d’elles-mêmes et prennent son visage en coupe, lui tâtant ses joues glabres, parcourant nerveusement le contour de ses lèvres et suivant la ligne de son nez droit puis, réalisant ce que je fais, je recule violemment, le toisant avec méfiance. Ma foi, il est bien vivant. Gêné, je me racle la gorge, ignore superbement le rougissement qui envahit mes joues et fixe obstinément une tache brune sur le carrelage de la classe. Mes mains sont curieusement froides et livides.

Je n’ose pas le regarder. Disons que mon vœu de me tenir loin de ce pervers ne fait pas long feu. Je soupire. Je toussote. J’essaie de reprendre contenance.

-Qui étiez-vous, avant tout cela ?

Mon attention vire irrémédiablement vers lui. Je n’arrive pas à déchiffrer l’expression de son regard, voire que je ne m’y risque pas. Je ne fais que soutenir cet échange du mieux que je peux tout en lançant des coups d’œil furtifs en direction de la porte.
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MessageSujet: Re: Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé   Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé Icon_minitimeSam 27 Mar - 11:36

Miller écouta attentivement le garçon exprimer ses demandes et ses conditions.
Ahmon, cet être en apparence doux et timide, qui était en réalité une sorte de sangsue avide de l'existence d'autrui. Une psyché viciée, obsessionnelle, tordue... Il ne s'arrêtait plus de parler, enchaînant les questions avant d'avoir la moindre parcelle de réponse. Aveuglé par son désir de tout savoir, tout connaître, d'aller fouiller la fange à la recherche des vérités les plus noires...jusqu'à entrer en contact direct avec le monstre qui l'avait sali, humilié, violé.
L'idée parut subitement se frayer un chemin dans le cerveau de l'adolescent qui fut ramené sur terre par une gravité sans merci, et chercha à donner le change.

-Qui étiez-vous, avant tout cela ?

"Qui j'étais ?"

Le professeur fit mine de réfléchir, puis laissa un large sourire s'installer sur ses lèvres alors qu'il regardait Gabriel avec une bienveillance feinte.

"Mais je n'ai jamais été que moi."

Triste vérité.
Croisant ses jambes avec grâce et lenteur, s'appuyant sur le dossier de sa chaise, il joua un instant avec une mèche de ses cheveux avant de continuer.

"Je n'ai rien d'exceptionnel à te livrer sur ma personne. J'étais un gentil garçon, d'après ma mère. Une femme admirable, ma mère. Attention, mes deux parents étaient des personnes honnêtes et aimantes. A ce que j'en sais ils sont toujours heureux en ménage."

Car il n'avait guère plus de nouvelles depuis plusieurs mois, son père ayant décidé de couper les ponts avec lui plusieurs années auparavant et sa mère restant son seul lien. Mais il n'allait pas s'en plaindre puisqu'il s'en savait le seul responsable.

"J'ai eu une enfance heureuse, je n'ai jamais manqué de rien, que ce soit au niveau matériel ou affectif. Il est vrai que j'ai été envoyé très tôt en pension dans un établissement renommé, mais cela se fait dans toutes les familles aristocratiques de Londres : une sorte de...tradition dirons-nous."

Selon Miller, la thèse des enfants maltraités ou élevés dans un climat violent donnant naissance à des tueurs en série était révoquée par le seul fait que ce genre d'individu pouvait naître dans un terreau tout ce qu'il y avait de plus convenable. Car il ne se voilait pas la face : même s'il tuait pour une juste cause, il n'en restait pas moins un meurtrier...

"Disons que le vers était dans le fruit et ce dès le départ. Il ne manquait qu'un élément déclencheur pour le mettre à jour. Un peu comme toi..."

Il fixait le garçon de ses yeux glacés, se délectant de pouvoir le détailler alors qu'il buvait ses paroles.

"Vois-tu j'ai toujours eu des capacités intellectuelles au-dessus de la moyenne. J'étais en avance, j'ai sauté plusieurs classes, et j'ai toujours possédé une certaine logique qui m'aide à analyser très rapidement mon environnement. Bien évidemment cela aurait pu m'apporter brimades et humiliations de la part de mes camarades, mais cela n'a jamais été le cas..."

Il se pencha vers Ahmon, baissant légèrement le ton.

"...car comme tu as pu le remarquer, ma plus grande qualité est de savoir me faire apprécier de la quasi-totalité de mon entourage."

Ethan se redressa, sans se départir de son sourire.

"Mais passons, ce genre de détail ne nous intéresse guère, n'est-ce pas ? Il se trouve que tout comme toi j'étais extrêmement curieux de tout ce qui pouvais m'entourer. A la différence que j'ai toujours aimé être en première ligne : vivre à travers les autres ne me réjouit pas. Ce n'était pas les petits secrets d'autrui qui stimulaient mon esprit, mais plutôt les grands secrets de l'univers. Lorsque l'on comprend tout trop vite, on fait rapidement le tour de tous les domaines de la connaissance humaine. Histoire, psychologie, mathématiques, sciences en tout genre...ne sont finalement que des sujets bien moins vastes qu'on pourrait le penser. Et ma vie a commencé à m'ennuyer dès mon adolescence. Passablement triste, n'est-il pas ?"

La dépression l'avait même gagné un temps durant cette période et ce qu'il pensait, à l'époque, être son dernier sujet d'étude avait été les milles et une façons les plus originales de mettre en scène son suicide.

"Heureusement pour moi, mon cerveau a soulevé une infime petite question. Qu'en était-il donc de tout ce que l'homme n'avait pas encore découvert ? Ne pouvait-il pas exister une dimension inexplorée en ce monde si rationnel ? Et mon attention s'est naturellement portée sur les contes et légendes de toutes sortes. On nous répète à tout va que tout a une origine, un fondement tangible. Et l'esprit humain, terriblement limité chez la plupart de nos semblable, ne peut pas avoir inventé les choses les plus irrationnelles de la littérature fantastique. C'est ce que je me suis dit. Et j'en ai fait mon sujet d'étude."

A dire vrai sa vie s'était entièrement centrée sur cela depuis cet instant. A en devenir une quête permanente, le sujet de plusieurs de ses thèses universitaires, son obsession quotidienne.

"Je suis plutôt ouvert et prêt à admettre l'inadmissible pourvu que l'on m'en apporte la preuve. Il ne m'a donc pas fallu longtemps pour trouver des liens entre des choses aussi triviales que des légendes urbaines et des faits avérés... Les loups-garous en sont une parfaite illustration. Mais je fais ici un bon en avant. Revenons à mes années de lycée puisque l'on peut considérer que l'élément déclencheur a été cet "accident"."

Qui n'était en rien un accident. Miller avait envisagé toutes les éventualités, il savait donc parfaitement ce qui pouvait se produire mais avait tout de même convaincu son camarade que leur petite expérience était sans danger. Non, soyons francs, il l'avait mené à l'abattoir.

"Comme tous les adolescents je n'ai pas échappé à une certaine curiosité morbide ce qui prouve que, quelle que soit la supériorité intellectuelle d'un individu, l'homme reste un animal comme les autres guidé par un instinct et une certaine chimie hormonale. Donc je me suis naturellement tourné vers les ouvrages ésotériques et les sciences occultes. Attention : je ne vouais pas un culte à Satan, m'habillant en noir et sacrifiant des lapins dans des cimetières le samedi soir, non..."

Le professeur ne put retenir un rire léger. L'image lui avait paru tout à fait amusante.

"Bon, disons que j'étais curieux de découvrir la part de fondement de tout ce que l'on pouvait raconter sur les démons, l'enfer, et le reste. Si j'avais été plus âgé et plus posé j'aurais certainement commencé par vouloir vérifier l'existence de Dieu ou rechercher le véritable Saint Suaire. Mais dans mon esprit d'enfant cela paraissait nettement moins divertissant, je l'avoue. Mon camarade de chambre trouvait mes recherches passionnantes et devint rapidement le coéquipier de mes plus folles..."expériences". Nous avons tout essayé : parler aux morts par les techniques les plus diverses comme le guéridon, le ouija, et tout ce que le folklore peut avoir de plus farfelu. Puis nous avons tenté le cran au-dessus : pratique du voodoo, messes noires... A chaque fois dans des conditions d'étude bien évidemment, le but étant d'infirmer ou de confirmer des faits. Dans les cas où l'un des tests nécessitât que l'un de nous prenne une substance psychotrope quelconque, l'autre devait rester simple observateur pour s'assurer que tout cela n'était pas une hallucination."

A bien y réfléchir, ils s'étaient énormément amusés ensemble. Un peu à la manière de ces amis d'enfance faisant les quatre cent coups ensemble puis se remémorant leurs bêtises en riant une fois adulte. A la différence qu'il était seul pour cette petite séance de nostalgie.

"Nous avons infirmé bon nombre de croyances durant nos expérimentations. Mais quelques-unes, très rares au demeurant, se sont avérées fondées. C'est ce qui nous a conduits à tenter un ultime "test". Tout s'est évidemment très mal déroulé, et nous en avons fait les frais, chacun à notre manière. Je ne saurais dire lequel de nous deux a eu le moins de chance : lui est mort, quant à moi le fardeau que je porte est assez...disons désagréable."

Mais son fardeau il l'avait choisi. Il avait eu le choix : il avait décidé de rester en vie, de sacrifier son ami. Il ne lui avait pas fallu cinq minutes de réflexion pour donner sa réponse. Et c'était en cela que son intellect avait montré ses limites : il s'était lui-même maudit en pensant sauver sa vie. Et finalement sa torture serait bien supérieur à celui qu'il avait trahi et offert en sacrifice.

"Cela m'a, comme qui dirait, remis les idées en place et j'ai réalisé qu'il n'était pas suffisant de savoir : il fallait ensuite en faire quelque chose. Quoi exactement, je ne l'ai su que plus tard. Mais c'est dans cette démarche que j'ai embrassé la vocation d'enseignant. Transmettre ce que l'on sait à ceux qui suivent est d'une importance capitale. Le problème étant qu'il y a des choses que l'on ne peut transmettre à des âmes pures, au risque de les souiller. Car je n'ai qu'un but, qui peut paraître altruiste, mais qui est en réalité terriblement égoïste : je souhaite protéger ceux qui peuvent l'être. Pour cela j'applique ce que je sais. concernant l'éradication des loups, c'est un chasseur qui m'a initié. Car les chasseurs sont plus nombreux qu'on ne le pense, et ils transmettent leur savoir à ceux qui peuvent l'accepter, le supporter, et y survivre. C'est réellement à cet instant que ma quête a commencé. En faisant cela je me rachète une conscience. C'est pathétique, mais c'est grâce à cela que je peux me regarder dans le miroir chaque matin. Et lorsque je n'y arriverai plus, tout sera fini."

Et avant que ce jour ne vienne il lui fallait transmettre son savoir. Jusqu'ici il n'avait trouvé personne, puis Gabriel était entré dans sa vie. Son élève ne le savait certainement pas, mais Ethan comptait en faire son apprenti. Il pouvait bien se proclamer simple observateur, viendrai le moment où il n'aurait d'autre choix que d'agir pour survivre : et s'il vivait, alors Miller serait parvenu à ses fins...

"Rien de bien original donc, mais j'ai répondu à ta question. Quant à avoir des doutes sur certaines personnes, oui c'est le cas. Je possède une liste détaillée dans laquelle se trouvent les personnes correspondants à des critères que j'ai établis : tendances agressives, comportements changeants à l'approche de la pleine lune, personnes ayant clairement des choses à cacher... Plutôt banal, mais efficace. Alors bien évidemment je me trompe souvent : certaines personnes présentent toutes les caractéristiques mais n'en restent pas moins humaines, et à l'inverse certains loups-garous sont indétectables. Plus ils sont âgés et plus ils sont discrets en général. Ensuite c'est l'expérience et l'instinct qui permettent de les débusquer... J'ai déjà soupçonné bon nombre de tes camarades, mais je n'ai pas fini mes vérifications. Sachant que pour le moment je me cantonne à nettoyer en ville : si des élèves commencent à disparaître ma couverture risque de voler en éclats, et certaines de mes cibles risquent de se montrer trop prudentes, et donc difficiles à atteindre par la suite."

Parce qu'entre un louveteau pré pubère et un loup expérimenté, l'ordre de priorité du chasseur n'était pas le même. Et si le personnel de l'école était en partie mutant, alors il devait rester discret jusqu'au moment où il serait prêt à les affronter.
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MessageSujet: Re: Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé   Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé Icon_minitimeJeu 8 Avr - 1:22

-Disons que le vers était dans le fruit et ce dès le départ. Il ne manquait qu'un élément déclencheur pour le mettre à jour. Un peu comme toi.

Alors, on naît avec un voile de noirceur devant les yeux, qui nous enveloppe, qui se resserre autour de nous au fur et à mesure que nous grandissons, que nous nous développons, que nous évoluons. Ils disent tous que je suis soit cinglé soit sévèrement atteint, que mes lubies devraient être traitées, qu’une thérapie me serait bénéfique, ce que mon père m’a si gracieusement offert en guise de cadeau d’anniversaire de mes treize ans. Cependant, je ne me suis jamais considéré comme… dérangé, alors ces visites inutiles chez la psychologue ne changeait strictement rien à mon comporter. Comme le dit Rusty Savage, je suis bon pour la maison des fous, mais cet idiot assez de se sauver la mise. Maintenant qu’il sait que je sais à propos de l’existence des Loups-Garous, je risque quelques légers petits ennuis. D’ailleurs, je ne l’ai pas revu depuis notre fameuse et curieuse conversation, mais il me tarde de l’affronter à nouveau… question d’examiner ses réactions.

-Il se trouve que tout comme toi j'étais extrêmement curieux de tout ce qui pouvais m'entourer. A la différence que j'ai toujours aimé être en première ligne : vivre à travers les autres ne me réjouit pas. Ce n'était pas les petits secrets d'autrui qui stimulaient mon esprit, mais plutôt les grands secrets de l'univers.

Inconsciemment, je me penche vers lui, captivé par sa voix grave et ses belles paroles, par son regard bleuté et saisissant. C’est absurde de penser qu’une semaine auparavant, jour pour jour, à peine quelques heures d’intervalle, cet homme se plaisait à décorer mon corps de morsures, d’éraflures, de bave, de sang et de sperme. J’en porterais les cicatrices encore longtemps, surtout celle à l’épaule. Les autres, celles infligées à l’esprit, j’imagine que la honte et la peur s’estompent au fil du temps… qu’un bon matin, on se réveille et on s’imagine que tout n’était qu’un mauvais rêve.

-Et l'esprit humain, terriblement limité chez la plupart de nos semblables, ne peut pas avoir inventé les choses les plus irrationnelles de la littérature fantastique. C'est ce que je me suis dit. Et j'en ai fait mon sujet d'étude.

Inventer ? Je fronce les sourcils. Alors toutes ces histoires sur les fées, les lutins, les vampires, les démons ou même les anges, tout aurait une part de vérité ? L’humain s’inspire toujours de la réalité à ce qu’on dit, alors si tous ces contes et légendes existent alors les bestioles aussi… C’est une hypothèse intéressante. Décidément, ce professeur pervers devient de plus en plus fascinant, ce qui n’est pas très bon pour moi. Je suppose que plus je m’éloigne de lui, plus ma santé physique et mentale se porte à merveille. Je secoue ma tête malgré moi. Il m’est impossible de le fuir : je pourrais me réfugier en Chine, m’enchaîne à un arbre que je trouverais le moyen de le rejoindre où qu’il soit. C’est un aimant, cet homme. D’ailleurs, je ne suis pas le seul à être soumis à cette force d’attraction, je me console à me le répéter inlassablement. Une idée saugrenue est épouvantable surgit de mon esprit : si Savage et sa mignonne avaient raison, je suis peut-être gai. Et si au lieu d’en pincer pour Savage, j’en pincerais pour… Miller ?

Non, impossible. Je préfère m’affubler d’une mini-jupe et me peinturer le visage de façon outrancière dans le seul but de séduire Savage plutôt que de laisser de tels sentiments absurdes se frayer un chemin jusqu’à euh… mon cœur. Et je NE suis PAS gai. Tiens, je préfère manger des serpents bien vivants plutôt que d’imaginer de telles sornettes. En pince pour Miller… Pff. Sauf que lui pense peut-être que je… Je manque de défaillir.

-Nous avons infirmé bon nombre de croyances durant nos expérimentations. Mais quelques-unes, très rares au demeurant, se sont avérées fondées. C'est ce qui nous a conduits à tenter un ultime "test". Tout s'est évidemment très mal déroulé, et nous en avons fait les frais, chacun à notre manière. Je ne saurais dire lequel de nous deux a eu le moins de chance : lui est mort, quant à moi le fardeau que je porte est assez...disons désagréable.

Je grince des dents. Évidemment, monsieur fait l’agace est se permet de passer sous silence les détails que, justement, je brûle de connaître. Agacé, je m’apprête à lui couper la parole au moment même où il enchaîne sur ses débuts de chasseur puis sur les Loups-Garous. Tendance agressive, comportement changeant à l’approche de la pleine lune… L’idée que Savage soit l’une de ces créatures me turlupine de plus en plus, et me fait frissonner. Comment se défendre contre un lycanthrope ? Lui asperger les yeux de poivre de Cayenne ? Remarque, je devrais peut-être m’en servir comme arme contre Ethan Miller au cas où l’envie lui reprendrait de me sauter dessus.

-C’était aimable à vous de me partager les grandes lignes de votre existence, mais vous avez garder pour vous les éléments qui m’intéressaient, à savoir… ces fameuses énigmes de l’humanité, les croyances qui se sont avérées fondées et… cet « incident ». C’est en lien avec les Loups-Garous ?

Je le dévisage effrontément. Il porte toujours ce petit air satisfait, à l’aise, qui réussit toujours à me désappointer. Embarrassé, je me racle la gorge, me lève soudainement et vais jusqu’à la fenêtre où j’écarte les rideaux et observe la cour principale de l’établissement. Quelques élèves flânent, des amoureux se câlinent, certains fument d’autres exécutent des mimiques grotesques pour provoquer le rire des amis. Ils sont tous insouciants, tous beaucoup trop inconscients des dangers et des risques qui circulent dans les parages.

-Vous avez attiré mon attention sur un détail, professeur Miller. Ce chasseur qui vous a… initié… Il vous a montré tout ce qu’il savait. Est-ce que l’apprentissage est sévère, douloureux ? Ou c’est seulement quelques leçons autour d’une bière ?

Ce dont je doute, mais je me demande quel type d’enseignement et de connaissance peut transmettre un chasseur expérimenté. Je me détourne de la fenêtre, croisant les bras sur ma poitrine, autant pour les éviter de trembler que pour essayer d’avoir une certaine contenance, et je le fixe sans ciller. Il ne s’est pas départi de son sourire amical, mais ses yeux ne sourient pas, ils ne sourient jamais.

-Comment les chasseurs choisissent-ils leur… élève ? J’imagine qu’il faut quelques aptitudes particulières pour devenir chasseur.

La recette doit être bien simple : une bonne haine pour les créatures non-humaines, un soupçon d’agressivité, quelques tendances meurtrières, une cuiller de ruse et d’intelligence et peut-être une pincée de courage ou de folie. Laisser le tout mijoter et le tour est joué. Avançant de quelques pas, je m’approche de Miller qui ne bouge pas d’un poil. Son sourire commence sérieusement à m’agacer.

-Ça ne doit pas être donné à tout le monde… d’avoir cette capacité à tuer des lycanthropes, pas vrai ?

Non seulement il faut des caractéristiques psychologiques, mais aussi le physique. Mais bon, ce ne sont que des suppositions après tout. Si Savage est bel et bien celui que je crois, sa force est… surhumaine et encore, je le soupçonne de se maîtriser quand il me tabasse violemment, alors comment un simple humain animé par une folie meurtrière peut-il épurer la terre ? Une volonté, ça ne suffit pas… La distance qui me sépare de Miller est considérablement réduite tout à coup, ce qui me fait tiquer mais je ne bouge pas. Pis, mon échine se courbe de façon à ce que mon visage soit plus près du professeur.

-Admettons que… J’aimerais pouvoir me défendre contre eux… je ne cherche pas à les tuer, comme vous… mais seulement à… me protéger un tant soit peu… qu’est-ce que je dois faire ?

Connaissant ma chance légendaire, je suis sûr et certain qu’un jour ou l’autre je vais me frotter contre un vrai Loup-Garou en chair et en os, immense et poilu, bavant et grondant… Et j’aimerais garder mes fesses intactes le plus longtemps possible si cela m’est permis – déjà qu’avec Miller, elles en ont mangé toute une. Hum… Mes yeux se portent vers la minuscule entaille que Miller a sur la joue : délicate, à peine visible. Il y a une semaine, elle était fraîche. Mon doigt glisse doucement le long de la blessure.

-J’imagine que vous pouvez m’apprendre.
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MessageSujet: Re: Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé   Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé Icon_minitimeDim 11 Avr - 18:22

A peine Miller eut-il fini de répondre que les questions pleuvaient de nouveau. Existait-il ne serait-ce qu'une chose sur cette terre qui puisse freiner la curiosité de cet adolescent ? Certainement pas. Et c'était là ce qui faisait que le professeur y voyait un candidat idéal. Ainsi que ce qui causerait sa perte, mais qu'importe.
Le garçon tentait de se donner une contenance, de s'affirmer, de se montrer fort. C'était là peine perdue : il craignait autant Ethan qu'il était fasciné par lui et cela lui semblait difficile à assumer, ce qui amusait le grand blond au plus haut point. Et ce qui excitait sa part sombre, ce qui lui donnait de nouveau envie de mordre à pleine dent cette chair si appétissante...

-C’était aimable à vous de me partager les grandes lignes de votre existence, mais vous avez garder pour vous les éléments qui m’intéressaient, à savoir… ces fameuses énigmes de l’humanité, les croyances qui se sont avérées fondées et… cet « incident ». C’est en lien avec les Loups-Garous ?

En lien avec les loups...? Pas directement. Il se contenta de nier d'un mouvement de la tête, sans dire un mot.
Bien évidemment qu'il ne lui avait pas tout dit. Mais Gabriel n'était pas prêt à entendre la vérité. Tant qu'il n'aurait pas été confronté à cet univers, tant qu'il n'aurait pas vu, vécu, goûté à ce monde parallèle, il serait strictement incapable d'appréhender ce qu'était devenu Ethan Miller à la suite de "l'accident". Peu de gens le pouvaient en réalité, parce qu'il fallait que l'esprit puisse accepter l'inacceptable. Ou alors il fallait l'avoir vécu, à l'instar de cette petite demoiselle qui lui reprochait son mutisme...
Il esquissa un sourire alors que son élève se dirigeait vers la fenêtre, mettant une saine distance entre eux. Le jeune Ahmon était sur la bonne voie, mais il fallait lui laisser le temps d'en apprendre plus. Alors il comprendrait...

-Vous avez attiré mon attention sur un détail, professeur Miller. Ce chasseur qui vous a… initié… Il vous a montré tout ce qu’il savait. Est-ce que l’apprentissage est sévère, douloureux ? Ou c’est seulement quelques leçons autour d’une bière ? Comment les chasseurs choisissent-ils leur… élève ? J’imagine qu’il faut quelques aptitudes particulières pour devenir chasseur. Ça ne doit pas être donné à tout le monde… d’avoir cette capacité à tuer des lycanthropes, pas vrai ?

Le sourire du professeur s'élargit.

*Et pourquoi cela t'intéresserait-il puisque tu ne souhaites pas être acteur, mon cher Gabriel ?*

Il y avait effectivement de quoi s'interroger, mais la réponse vint d'elle-même.

-Admettons que… J’aimerais pouvoir me défendre contre eux… je ne cherche pas à les tuer, comme vous… mais seulement à… me protéger un tant soit peu… qu’est-ce que je dois faire ? J’imagine que vous pouvez m’apprendre.

Ainsi c'était par lâcheté qu'il souhaitait apprendre... Qu'importe dès lors qu'il apprenait.
Gabriel s'était rapproché tout en posant ses questions. Tel l'insecte se ruant vers la flamme au risque de se brûler les ailes, le jeune homme semblait incapable de rester à distance du chasseur, ce qui réjouissait ce dernier. Le garçon était pris au piège et, tout en le sachant pertinemment, cherchait à peine à s'en sortir. Pire, il s'y engouffrait de lui-même, pour le plus grand bonheur de son professeur.

*Je te l'avait dis mon garçon : tu m'appartiens...*

Cette pensée lui arracha un rire bref et léger, d'une gaieté presque déplacée en ce lieu et à cette heure. Mais quelle importance, ils étaient entre eux : nul besoin de jouer la comédie.
Ethan ne résista pas au plaisir de souffler sa réponse à l'oreille d'Ahmon, juste pour avoir l'occasion de voir la chair de poule apparaître sur sa nuque. C'était tout simplement délicieux.

"Effectivement, je pourrais t'apprendre..."

Il se recula pour contempler le visage de l'adolescent et s'adossa à sa chaise, croisant les bras sur sa poitrine, son indéfectible sourire bien en place sur ses lèvres.

"Mais il n'existe pas de manuel du "bon petit chasseur de loups-garous" : si tu souhaites apprendre, il faudra pratiquer. Je peux évidemment te donner des conseils de base, des informations sur leurs faiblesses...mais tant que tu n'auras pas eu l'occasion de les appliquer au moins une fois, ils te seront quasiment inutiles. Et même avec des années d'expérience, rien ne garantie la survie d'un chasseur. Il faut avoir une bonne dose de chance, malheureusement."

Jusque là il en avait eu, de la chance. Une chance insolente même. Mais pouvait-il en être autrement d'une chance octroyée par le Diable en personne ? Certainement pas.

"Il n'est pas nécessaire de posséder des "supers pouvoirs" ou une force incroyable pour devenir chasseur, contrairement à ce que tu as l'air de croire. Et si l'apprentissage ne se fait pas "autour d'une bière", il n'est pas non plus question d'un entraînement quelconque. On ne voit cela que dans les films, mon garçon. Les principales qualités d'un chasseur sont l'intelligence et la capacité d'adaptation puisque, aussi fort que tu puisses être, ces monstres seront toujours plus forts que toi... Il est aussi essentiel d'avoir un intérêt certain pour ces bêtes qui donneraient des cauchemars à n'importe qui d'autre."

Il se pencha en avant et attrapa le menton de Gabriel entre ses doigts pour le regarder dans les yeux. Il semblait étrangement plus sérieux que d'habitude.

"Il y a des choses à savoir, mais l'ultime épreuve est la mise en pratique : tu deviens un chasseur lorsque tu survies à ton premier loup."

Ses doigts relâchèrent leur étreinte et il se passa une main dans les cheveux, prenant un air dégagé. Pourtant l'atmosphère semblait s'être refroidie de plusieurs degrés...

"Les Loups-Garous ont une force bien plus grande que les humains, même lorsqu'ils ne sont pas transformés. Leurs sens sont bien plus développés que les nôtres, notamment l'ouïe et l'odorat. C'est pourquoi il est difficile de les piéger. Ils ont aussi des appétits sexuels difficiles à rassasier..."

Son sourire se fit plus carnassier l'espace d'un instant. Il était définitivement bon à ranger dans la même catégorie que ces abominations, mais cela n'avait plus guère d'importance.

"Sous leur forme animale ils sont redoutables. Une personne normale n'a aucune chance de survire à un corps à corps... L'argent est leur plus grande faiblesse. Ce métal les brûle, et si tu veux abattre l'une de ces bêtes il faut lui loger une balle en argent en plein cœur. Personnellement je leur coupe la tête et je brûle le tout ensuite, par simple précaution. Mais tout les chasseurs ne le font pas : l'odeur qui s'en dégage est difficilement supportable."

Un mélange âcre entre la chair humaine brûlée, la décomposition avancée, et quelque chose de moins définissable, mais que Miller reconnaissait parfaitement puisque son propre corps renfermait ce genre de pourriture innommable.
Il leva la main droite pour monter à son élève la chevalière qu'il portait à son annulaire.

"Elle est en argent massif. Si je touche un loup-garou avec, il aura immédiatement un mouvement de recul très vif, puisque la douleur provoquée par son contact lui sera intenable. C'est comme cela que je confirme mes soupçons en général. Les humains n'ont aucune réaction. Bien évidemment il y a aussi des petits malins qui évitent tout contact physique de manière fort habile. Dans ces cas-là il me faut être plus inventif."

Comme avec Christina, qu'il avait alors convoquée sous un faux prétexte.

"Mais si tu souhaites te défendre efficacement en cas d'attaque, la base est de posséder un objet en argent. Une chaîne, un bracelet, un pendentif, une bague...qu'importe. Il faut que tu puisses toucher l'épiderme de ton agresseur avec. Quelle que soit sa forme au moment de l'attaque il reculera au moins un bref instant. Si ensuite tu ne peux pas ou ne souhaites pas te battre, il ne te restera qu'à fuir en courant le plus vite possible...et à prier de toutes tes forces étant donnée qu'ils courent en général très vite, bien plus vite qu'un être humain standard."

A moins d'être un excellent sprinter et d'avoir un énorme coup de chance, le loup rattrapait sa proie dans quatre-vingt-dix-neuf pour cent des cas et n'en faisait qu'une bouchée...ou bien un tas de membres éparses.
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MessageSujet: Re: Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé   Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé Icon_minitimeDim 2 Mai - 1:17

-Il y a des choses à savoir, mais l'ultime épreuve est la mise en pratique : tu deviens un chasseur lorsque tu survies à ton premier loup.

Lorsque tu survis à ton premier loup. Ces mots résonnent dans ma tête, puis se mélangent jusqu’à ce je ne perçoive qu’une cacophonie assourdissante. Je n’ai pas dans l’idée de les pourchasser et de les combattre, j’ignore encore ce que je compte faire de tel secret, d’une telle connaissance considérée aux yeux de l’humanité comme étant des légendes, des histoires fantastiques tirées d’un esprit tourmenté. Procéder à des analyses, les examiner alors qu’eux se promènent parmi les hommes, ne se doutant guère que je connais le mystère que les entoure. Découvrir les autres espèces, les autres « démons » qui ont l’apparence des hommes, mains n’en sont pas. Des Vampires, pourquoi pas ?

La main de Miller, celle qui tient mon menton avec une sorte de délicatesse troublante, s’élève et s’enfouit dans la chevelure blonde et étincelante du professeur. Ce contact provoque un picotement désagréable, une irritation agaçante, une brûlure indescriptible. Machinalement, je frotte l’endroit en question, fixant la main de Miller. Grande, fine, ne laissant soupçonner à quiconque la force qu’elle recèle.

Lorsque tu survis à ton premier loup. Si je devais à affronter un, je mourrais sans avoir eu l’occasion de me défendre. En fait, je suppose que tout se passerait comme dans la chambre de Miller : je serais piégé et ensuite… N’étant pas fait pour l’action pure, le loup n’en ferait qu’une bouche de ma pauvre et maigre personne. Toutefois, un corps à corps avec une telle bête n’est pas ce que je recherche.

-Les Loups-Garous ont une force bien plus grande que les humains, même lorsqu'ils ne sont pas transformés. Leurs sens sont bien plus développés que les nôtres, notamment l'ouïe et l'odorat. C'est pourquoi il est difficile de les piéger. Ils ont aussi des appétits sexuels difficiles à rassasier...

La plupart des étudiants de l’école démontrent des appétits sexuels démesurés… ainsi que les professeurs. Un regard en direction d’Ethan Miller me fait frémir. Son sourire pervers, déconcertant ne laisse présager rien de bon. Embarrassé, je préfère m’asseoir sur une chaise, sentant mes genoux s’entrechoquer de nervosité et menaçant de me faire chanceler. Le sexe, une dimension sociale si importante. Une déviance banale, mais qui devient vite inquiétante… et souvent puissante. Je me demande souvent quelques sont les différences entre les loups-garous et Ethan Miller. Quant à moi, ils sont tous des êtres victimes de leurs pulsions, de leur côté bestial. Ce petit côté qui m’est totalement inconnu, comme me le reproche mes parents. Selon eux, je ne suis pas assez « humain », trop déconnecté, trop indifférent « aux choses normales ».

Miller me montre sa lourde chevalière, m’expliquant que l’argent lui permet de découvrir les vrais loups-garous. Je devrais peut-être aller m’acheter une quelconque chaîne en argent et une ou deux bagues. Seulement, je n’aime pas porter des bijoux. Et pourquoi pas un revolver en argent, avec tout ça ? Un léger ricanement sort difficilement de ma gorge. Moi, avoir un revoler?

-Mais si tu souhaites te défendre efficacement en cas d'attaque, la base est de posséder un objet en argent. Une chaîne, un bracelet, un pendentif, une bague...qu'importe. Il faut que tu puisses toucher l'épiderme de ton agresseur avec. Quelle que soit sa forme au moment de l'attaque il reculera au moins un bref instant. Si ensuite tu ne peux pas ou ne souhaites pas te battre, il ne te restera qu'à fuir en courant le plus vite possible...et à prier de toutes tes forces étant donné qu'ils courent en général très vite, bien plus vite qu'un être humain standard.

Courir vite. Je n’ai pas su m’enfuir lorsque j’étais dans ta chambre, je n’ose imaginer si mon adversaire serait un loup. Courir vite. Quelques équipes sportives sont outrageusement rapides, celles de Rusty Savage et de Noah… Noah ? Je cligne des paupières sous l’effet de la surprise. Noah ? Non, sûrement pas, il est bien trop… paisible pour appartenir à cette race agitée… Noah ? Je n’y avais jamais véritablement songé avec autant de sérieux auparavant. Il faudrait que j’approfondisse cette possibilité, celle-ci et toutes celles qui me sont apparues ces derniers jours.

-Je prends note de toutes vos recommandations et de tous vos conseils, professeur. Dites, les motivations d’un chasseur se limitent-elles au désir de protéger et d’épurer la race humaine ou certains d’entre vous s’adonnent à cette activité par pur plaisir… Je veux dire… Tuer des loups-garous vous procure-t-il un plaisir évident ? Ou bien, c’est une question de vengeance? Qu’est-ce qui pousse un humain à suivre ce chemin-là?

Quels sont les motifs qui vont pousser un homme ou une femme à entreprendre une guerre qu’ils savent perdue d’avance et qu’au final, ils seront probablement éliminés par leur ennemi. Qu’est-ce qui les encourage à mettre leur vie en péril, à se condamne eux-mêmes? Les chasseurs sont-ils tous comme Miller : pourris, détruis, fous?

-Ces chasseurs sont-ils tous des pécheurs qui, comme vous, ont commis des crimes, des actes impardonnables et ils cherchent à se racheter ou à compenser leurs méfaits par des actes… héroïques et suicidaires ?

Ou bien ces personnes ont besoin d’affronter de puissantes créatures afin de se prouver quelque chose, de se sentir nécessaire à l’accomplissement d’une mission épique, de se sentir vivant?

-Au fait, professeur Miller, il y a quelque chose que j’aimerais vous poser depuis un certain moment déjà… Un sujet qui n’a aucun rapport avec notre conversation.

Il esquisse un sourire qui ne se reflète pas dans ses prunelles de glace. Inconsciemment, je me penche vers lui tout en vérifiant que la porte de la classe est bel et bien fermée. J’ignore s’il va me répondre ou éluder la question comme il a l’habitude de le faire. Tant pis, ça me taraude l’esprit jusqu’à m’en faire grincer des dents. Fébrile, je lie mes yeux aux siens.

-Ce qui s’est passé entre nous, ça s’est déjà produit auparavant?

Je ne suis pas certain de savoir pourquoi cette question possède, à mes yeux, une importance capitale. Est-ce que les victimes de viol s’interrogent autant sur leur tortionnaire habituellement? Peut-être, probablement. Cependant, je ne cherche pas à découvrir les antécédents peu ragoûtants du professeur, mais plutôt à le comprendre un peu plus ou un peu mieux, à déposer une nouvelle couleur sur le tableau ombrageux que je pains.

-Vous semblez attirer les femmes comme les fleurs attirent les abeilles, mais vos tendances sont-elles… s’orientent-elles vers les jeunes hommes ou suis-je une erreur dans vos expériences?

Par jeune, j’attends surtout mineur et puceau, en l’occurrence moi. Finalement, plus je m’avance sur ce sentier, plus je devine, non je sens une sorte de curiosité incroyablement malsaine s’insinuer dans mon sang, dans mon être. Pourquoi est-ce que tout à coup ce sujet m’intéresse autant? Je l’ignore. En vérité, je préfère ne pas y penser ni même trouver une réponse adéquate et satisfaisante.

-On dit qu’un viol détruit, vos intention étaient-elles justement de me blesser ou contenaient-elles d’autres motifs… ? J’imagine que les personnes qui ont été euh… abusées sont déterminées à savoir pourquoi eux, pourquoi ça, mais moi c’est plutôt pourquoi comme ça, pourquoi avec moi.

Ma mère m’accuse d’être détaché de mes émotions, d’être une coquille vide. Sans doute. Ma curiosité prend tellement d’ampleur qu’elle écrase et annihile tout ce qui pourrait naître et croître dans mon âme. Je devrais détester Ethan Miller, mais la fascination et la crainte sont les deux seuls sentiments qu’il exerce sur moi.

-J’aimerais vraiment que vous répondiez à ses questions, Ethan, sinon elles vont me hanter indéfiniment.

Elles et bien d’autres encore.

-Vous m’avez suggéré plusieurs astuces pour me défendre contre les loups, mais aucune pour me protéger de vous. En connaissez-vous quelques unes qui pourraient m’être utiles?

Je le gratifie d’un pâle sourire.
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MessageSujet: Re: Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé   Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé Icon_minitimeMer 19 Mai - 13:29

Qu'est-ce qui pouvait bien pousser un chasseur à traquer les loups-garous ? Naïve question que lui posait là son élève. Après tout l'être humain avait-il toujours des raisons pour agir comme il le faisait ? Miller lui-même en avait toujours fortement douté : si tel était le cas le nombre d'atrocités commises de part le monde aurait sans doute été moindre...
Mais comme l'éternel impatient qu'il était, Ahmon ne lui laissa même pas le temps de répondre, jetant sur le tapis le sujet qui devait lui paraître terriblement tabou.

-Ce qui s’est passé entre nous, ça s’est déjà produit auparavant?

"Ce qui s'est passé entre nous"... Fascinante manière de parler tout en évitant une réalité violente. L'adolescent voulait comprendre et bousculait les questions, les jetant aux pieds d'Ethan en quémandant une explication qui puisse le satisfaire. Le mot sortit enfin : viol.
Malgré tout le garçon tentait de garder une contenance, un ton léger. Si seulement son sourire n'avait pas démenti sont détachement apparent...

"Tu me demandes beaucoup de choses à la fois. T'en rends-tu compte ?"

Bien entendu. Et c'était le stress et cette légère fébrilité qu'il exhalait qui le poussaient à parler sans discontinuer alors même qu'il voulait savoir. Cela ne fit que faire sourire le professeur.

"Vous êtes tous les mêmes. A toujours vouloir des réponses..."

Il se pencha vers Gabriel, comme sur le ton de la confidence.

"Elle aussi veut savoir. Et je crois bien qu'elle est furieuse parce que je ne prends pas le temps de lui répondre..."

Se redressant, il croisa ses jambes et se cala confortablement contre le dossier de sa chaise.

"...mais je ne peux courir qu'un lièvre à la fois, et pour l'instant tu accapares mon temps libre."

Face à lui le grand brun semblait perplexe, et cela l'amusait au plus haut point. Alors même qu'il n'avait pas eu ses premières réponses voilà que de nouvelles questions avaient sans doute germé dans son esprit. Et cette petite moue légèrement crispée qu'il n'arrivait pas à retenir provoquait chez Miller une sensation de plaisir non négligeable.

"Bien, prenons les choses dans l'ordre."

Histoire de faire durer le plaisir...

"Les raisons qui poussent des êtres anodins à devenir chasseur sont aussi multiples que variées. Certains font cela par héroïsme comme tu l'as évoqué, d'autres par vengeance, d'autres encore par conviction. Il y a bien une partie qui doit le faire pour le sport, et une autre ayant certainement des pulsions suicidaires. Quant à avoir commis des atrocités...là je crois que tu te méprends sur un point."

Il laissa planer le silence quelques instants avant de reprendre.

"Tu as mélangé certaines informations que je t'ai données sur mon compte, Gabriel. Même si j'ai certainement fait des choses répréhensibles, je doute que l'on puisse parler de crimes au sens où la justice des hommes l'entend. Je pense que tu as mal compris mon garçon. Je n'ai pas commis d'atrocités : j'en suis une."

Telle était la pure, simple, et inacceptable vérité. Et le professeur se doutait bien qu'elle fût incompréhensible pour le commun des mortels.

"Je t'ai dit que j'étais un pêcheur Gabriel, et c'est vrai. Mais par mon existence seule. C'est pourquoi j'essais de me racheter par mes actes. Enfin pas exactement puisque c'est impossible...disons que je tente d'alléger ma sentence."

Chose qu'il savait perdue d'avance mais qui l'aidait à vivre. Car si sa vie lui était bien peu supportable, il savait que sa mort le serait bien moins encore.

"Mais je serais un sacré menteur si je niais que l'exécution de ces créatures ne me remplit pas d'une grande satisfaction personnelle. Toutefois j'aime à croire que cela n'aurait jamais été le cas si j'étais encore Ethan Miller."

Ahmon semblait totalement perdu. L'adolescent écoutait, essayant sans doute de comprendre ce qui devait lui sembler le discours d'un fou, mais ne disait mot. Ethan n'en était nullement surpris. Toute autre réaction l'aurait étonné, mais pas cette absence de mouvement.

"Maintenant passons à ta deuxième question. Je ne sais guère si tu en seras heureux ou non, mais tu n'es pas une "erreur" dans mes expériences, comme tu l'as dit. J'ai toujours été autant attiré par les hommes que par les femmes quel que soit leur âge, même si je ne toucherais jamais un enfant, et je n'y vois personnellement aucune perversion."

A la différence de son cher père qui avait douté de la chose très tôt et en avait imputé toute la responsabilité à son épouse.

"Ensuite, si ta demande porte plus particulièrement sur le fait que tu n'étais pas consentant, là je pense pouvoir dire qu'il s'agit d'une première. Du moins je ne me souviens pas d'un quelconque précédent..."

Ce qui ne voulait rien dire. Car, force était de l'avouer, il lui était arrivé d'avoir des absences. Et il était bien conscient que lors de ces "absences", si lui-même n'était pas là pour tenir les rennes, l'autre ne se gênait pas pour prendre le contrôle.

"Quant à savoir pourquoi je l'ai fait... D'une part parce que j'en avais envie. D'autre part parce que je voulais te faire du mal."

Et surtout parce que maintenant ils étaient liés comme ils ne l'auraient jamais été autrement. La nature même du garçon faisait qu'il ne pourrait plus jamais ôter le personnage d'Ethan Miller de son esprit. Le professeur s'assurait là de le tenir en laisse alors même que l'adolescent n'en avait pas conscience.

"Et je me demandais si tu étais aussi vide d'émotions que tu le paraissais. C'était à la fois jouissif et terriblement intéressant, je l'avoue."

Il lui disait tout cela sur un ton de discussion badin. Ils auraient tout aussi bien pu être en train de parler de la pluie et du beau temps. Voilà pourquoi le grand blond était un monstre. Malgré tout une petite part d'humanité survivait encore quelque part.

"Tu sais Gabriel, je t'ai tout de suite trouvé...fascinant. Il y a peu d'êtres comme toi, tu peux me croire. Le premier jour où je t'ai aperçu j'ai eu très envie de venir te parler, de gratter un peu derrière cette apparence renfermée... Je n'ai jamais trouvé le bon moment pour t'approcher, et il se trouve que ce soir-là...disons que tu es mal tombé."

Oui, il était mal tombé car cette fameuse nuit ce n'était pas vraiment le professeur qui se trouvait dans cette chambre. Il était bien là, mais il était trop épuisé pour n'être autre chose que spectateur. Ce qui ne voulait pas dire qu'il regrettait à cent pour cent ce qui s'était produit ou qu'il n'avait pas aimé, non... Juste que tout cela aurait pu mieux se passer. Mais le voulait-il vraiment ? Aurait-il réellement souhaité que les choses se déroulent autrement...? Il n'en était même pas sûr.
Il étira nonchalamment l'un de ses bras et se rassit correctement.

"Contrairement à ce que tu clames à présent, je t'ai donné une astuce pour te protéger de moi : celle de t'éloigner et de m'oublier. Ce que tu n'as pas fait. Je ne parlais pas à la légère lorsque je t'ai dit ces mots. Tu les as ignorés, libre à toi, mais ne viens pas me demander une solution avec un air de jeune chiot. Parce que maintenant il est trop tard."

Ahmon tremblait imperceptiblement sur sa chaise. Ethan voyait très clairement la chair de poule qui s'était formée sur sa nuque, alors même que son élève persistait à agir comme si de rien n'était. Le visage de Miller se radoucit étrangement, et c'est avec une bienveillance étonnante qu'il reposa les yeux sur le garçon.

"Je n'ai pas l'intention de te faire du mal. Si j'avais dû te tuer, les vers seraient déjà en train de ronger tes chairs six pieds sous terre. Franchement je ne pense pas avoir à le faire un jour, et j'espère bien que tu ne me feras pas mentir. Et pour ce qui est de protéger disons...ta vertu, eh bien il te suffiras d'être prudent et de ne pas me provoquer inutilement..."

Ou plutôt de ne pas le provoquer. Mais le "nous" était devenu un "je" depuis longtemps maintenant.

"Bien entendu si tu souhaitais réitérer cette "expérience" dans d'autres conditions, je reste à ta disposition : je serai beaucoup plus doux, je te le promets..."

Une lueur nouvelle éclairait le fond de ses pupilles. Il ne faisait jamais de promesses en l'air : il saurait bien se maîtriser suffisamment pour éviter de le dévorer. Après tout il y était parvenu la fois précédente...
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MessageSujet: Re: Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé   Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé Icon_minitimeJeu 10 Juin - 14:39

-Je n'ai pas l'intention de te faire du mal. Si j'avais dû te tuer, les vers seraient déjà en train de ronger tes chairs six pieds sous terre. Franchement je ne pense pas avoir à le faire un jour, et j'espère bien que tu ne me feras pas mentir. Et pour ce qui est de protéger disons...ta vertu, eh bien il te suffira d'être prudent et de ne pas me provoquer inutilement...

En toute honnêteté, l’idée ne m’avait pas encore traversé l’esprit. D’ailleurs, je me demande encore la cause de cette provocation stupide et comment je l’ai déclenchée. Je me souviens de son corps contre le mien, le mur de briques heurtant mon dos, ma main sur sa poitrine, au-dessus du cœur que je sentais palpiter à un rythme tantôt régulier tantôt précipité. La suite demeure beaucoup trop floue dans ma mémoire pour que je me souvienne clairement et entièrement de la fin de cette rencontre. J’ai des images, des sons, des sensations qui ressurgissent quelque part en moi, même si quelques fois le film joue dans ma tête. Il paraît que l’être humain a l’exceptionnelle capacité d’oublier les mauvais souvenirs, on dirait que mon cerveau hésite entre l’entreposage et l’oubli.

-Bien entendu si tu souhaitais réitérer cette « expérience » dans d'autres conditions, je reste à ta disposition : je serai beaucoup plus doux, je te le promets...

Silence. Silence dans la pièce. Silence dans ma tête. Il faut dire que cette proposition me surprend, m’ébranle. Perplexe, je dévisage le professeur assis en face de moi dont le regard, légèrement enfiévré, et étrangement lumineux suscite chez moi un frissonnement désagréable. Je ne réponds pas, pas encore. Je me borne à détailler son visage, ses traits harmonieux, son nez fin, sa bouche moqueuse, son teint pâle et poli, ses airs à la fois mystérieux et charmants. Je ne dirais pas que mon cerveau est en surchauffe, il a plutôt décidé de prendre quelques vacances bien méritées, quelque part très loin d’ici et d’Ethan Miller. C’est pourquoi aucune réponse, aucune réplique acceptable ne frôle mes lèvres, je joue le muet imbécile terrifié à l’idée de répéter cette « expérience » désastreuse malgré la promesse farfelue et déplacée de Miller.

-Est-ce que vous pensez sérieusement que j’accepterais… ?

Ah, tiens, je réagis enfin. Étonné, je cligne des paupières et, embarrassé, je sens une coloration écarlate se répandre sur mes joues que mes doigts effleurent avec une certaine hésitation. Miller, de son côté, non seulement tout à ses aises mais aussi amusé, ne se défait pas de ce sourire pervers qui obscurcit ses lèvres comme si… comme s’il s’attendait à cette réponse, mais qu’il savait pertinemment que je… qu’il y aurait peut-être… Quoi ? Qu’il y aurait quoi ?

-Et votre douceur, vous l’expliqueriez comment, professeur Miller ? La prochaine fois, vous utiliseriez un lubrifiant efficace ? Ou peut-être qu’au lieu de me plaquer contre un tapis rêche, nous aurions le temps de se rendre jusqu’au lit ? Je suppose qu’un matelas est plus confortable pour ce genre d’activité. Ou peut-être allez-vous créer une ambiance romantique pour favoriser la stimulation, l’excitation, de façon à ce que nous soyons deux à prendre un peu de bon temps ?

Ces paroles vulgaires m’ont échappé, se déversant avec un détachement froid et ironique, aussitôt gâchées par ma mine scandalisée et mon hoquet surpris et, je l’avoue, par le bruit strident de ma chaise qui racle le plancher en s’éloignant. Miller, lui, me regarde toujours.

-Comment décrirez-vous votre douceur, professeur Miller ? J’ai appris à vous connaître un tant soit peu et je n’ai encore jamais discerné une serait-ce qu’une lueur de… de quelque chose de bien en vous.

Et si c’était vrai, si ce qu’il me racontait s’avérait authentique, est-ce que je serais intéressé à découvrir cette euh… cette autre facette de sa personnalité ambiguë ? Est-ce que je serais prêt à tendre à nouveau la croupe pour le découvrir ? Je ricane, je ricane avec amertume.

-Nous savons tous les deux que j’aimerais le savoir, non ? murmuré-je faiblement, d’une voix à peine perceptible.

Cette question ne lui est pas destinée, je me la pose à moi, à haute voix, pour bien l’entendre, pour bien comprendre l’absurdité de son sens, de ce qu’elle peut contenir, pour bien saisir les conséquences qui en découleraient. Mes yeux sont attirés une nouvelle fois vers Miller.

-Si cela se reproduisait encore, mais de façon différente, nous serions davantage liés, vous et moi, non ? Liés autrement, peut-être… Et si, si j’acceptais… j’imagine que je chercherais à vous connaître différemment, complètement, et qu’il me manque encore plusieurs pièces importantes dans le puzzle… pour comprendre toute cette… réalité. J’aurais peut-être quelque chose à gagner… peut-être.

Non, je n’envisage pas de poursuivre la scène qui a eu lieu dans la chambre de Miller. Non, c’est inconvenant, c’est même dégueulasse. Surtout que mon corps porte encore les traces de sa violence, de ses envies bestiales et douteuses, mais après tout ce ne sont que des blessures qui se cicatriseront qui disparaîtront. Je secoue ma tête avec énergie, peut-être pour chasser les mauvaises idées ou bien pour éclaircir le tout. Miller avait raison. Savage avait raison. Kathleen avait également raison. Je fonce tête baissée dans les ennuis, dans un univers qui ne m’appartient pas, qui ne devrait même pas m’être révélé. Et je plonge, par curiosité et stupidité, et comme la descente est rapide, foudroyante, je ne peux pas m’arrêter et rebrousser chemin… je tombe, je vois Miller au loin, mais je ne le rattraperai jamais. J’ai besoin d’être ses yeux pour voir et comprendre ce qu’il voit et comprend.

Je me lève et m’approche de lui. Mes genoux tremblotent, mes mains sont moites, une ligne de sueur roule le long de mon échine, je me sens nauséeux, un peu faible, un peu bizarre.

-Vous aviez dit que vous me diriez tout ce que je désirais savoir, mais encore là vous laissez filtrer d’autres mystères, vous gardez certaines informations pour vous seul… vous ne me dites pas tout.

Il a parlé d’une fille, qui est-elle ? Pourquoi veut-elle des réponses, pourquoi de lui plus précisément ? Je fronce les sourcils. Ainsi, je ne suis pas le seul à lui tourner autour. Étrangement, cette perspective ne m’enchante pas, je sens même une contrariété grandissante quelque part en moi.

-Pendant combien de temps encore allez-vous me consacrer tout votre temps libre, professeur ? Y a-t-il encore beaucoup à apprendre de vous ?

Je frôle ses cheveux. Ils sont doux, si lisses, le contraire de ma crinière hirsute.

-Par exemple, vous parliez de provocation tout à l’heure. Vous touchez en serait-ce une ?

Ma main survole lentement son visage, amorce une descente en direction de sa gorge ferme, de sa poitrine se soulevant à un rythme normal, tranquille. Un doigt appuie à l’endroit où, il y a une semaine, je l’avais touché. Où le cœur.

-C’est toujours étrange de surprendre vos battements.

Je recule de quelques pas, le dévisage.

-Vous aviez suggéré la prudence, Ethan, que dois-je faire pour être prudent ? Peut-être devrais-je m’en aller maintenant… si jamais je vous ai provoqué.
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MessageSujet: Re: Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé   Entretien inattendu. [PV Gabe] Terminé Icon_minitimeDim 20 Juin - 15:53

Miller goûta le silence qui s'installa dans la pièce.
Au lieu de s'enfuir, l'adolescent semblait réfléchir sérieusement. Il avait plongé.

-Est-ce que vous pensez sérieusement que j’accepterais… ?

Lui aurait-il fait cette proposition autrement ? Evidemment que non, et ça Ahmon le savait parfaitement. Troublé, perdu, il se mit à lui tenir un discours à la limite de la vulgarité. Les mots franchissaient ses lèvres avec conviction, mais son corps battait en retraite, secoué de dégoût et de peur. Le professeur se contenta de l'observer, de l'écouter en souriant, amusé de le voir ainsi se débattre au milieu de sentiments contradictoires.

- J’aurais peut-être quelque chose à gagner… peut-être.

Et voilà. Là était tout l'enjeu : la raison contre l'envie. Gabriel était tout bonnement incapable d'être raisonnable. Non, la curiosité était la plus forte.
Il revint vers lui, vacillant légèrement, et dans son regard ne se lisait plus seulement l'inquiétude mais aussi la contrariété. Craignait-il de voir Miller lui filer entre les doigts avant de lui avoir révélé tous ses secrets ? Que pourrait-il y avoir de pire pour ce garçon que de perdre une telle mine d'information ? Même son intégrité physique et mentale passaient après. Et c'était ce qui avait plu à Ethan dès le début.
Le discours d'Ahmon venait de changer, et il semblait pensif. Passant une main dans les cheveux blonds, il descendit jusqu'à la poitrine du chasseur, gardant une main posée sur son coeur quelques instants avant de reculer à nouveau.

-Vous aviez suggéré la prudence, Ethan, que dois-je faire pour être prudent ? Peut-être devrais-je m’en aller maintenant… si jamais je vous ai provoqué.

Le professeur continua de le fixer calmement, un certain temps. Puis il brisa le silence d'un petit rire morne.

"Effectivement, tu devrais peut-être quitter cette pièce dès maintenant..."

Sans précipitation il se leva et avança droit vers son élève.

"... à moins que tu ne cherches à me provoquer volontairement, et dans ce cas..."

Le saisissant brusquement, il le repoussa jusqu'à l'acculer au bureau un peu plus loin. Là il le bloqua, pressant son bassin contre celui du garçon.

"... il serait injuste de partir, tu ne crois pas ?"

La respiration de Gabriel venait de s'accélérer, et le tressaillement de sa pomme d'Adam témoignait de sa difficulté à déglutir. Miller ne put retenir un sourire amusé. Cet imbécile ne savait même pas sur quel chemin il s'aventurait. Mais il était divertissant de jouer sur son anxiété.
Posant l'une de ses mains au bas de ses reins, il attira l'adolescent contre lui. Ce dernier ne semblait pas savoir s'il devait se laisser faire ou résister, et ses muscles passaient de la tension au relâchement sans discontinuer. Le grand blond le fit basculer sur le dos et s'appuya sur lui. Se penchant comme s'il avait l'intention de l'embrasser, il lui frôla les lèvres et...

"A quel jeu crois-tu être en train de jouer, Gabriel ?"

Il s'éloigna de lui soudainement, le laissant tremblant et essoufflé sur le bureau. Le professeur lui tourna le dos, repartit près de la chaise où il avait laissé ses affaires et les récupéra, prenant tout son temps.

"Je suis certainement un monstre, mais pas un animal mon garçon. Je sais me tenir. Et ici je suis professeur, ne l'oublie pas et ne mélange pas tout."

Ahmon s'était redressé mais se tenait toujours sur le bureau, assis, les mains agrippées au bord du plateau. Il le serrait tellement fort que les jointures de ses articulations étaient livides. Ethan se retourna et lui servit son sourire de professeur de lettres poli et bien sous tous rapports.

"J'ai un cours dans moins de trente minutes, je dois vous laisser. Nous reparlerons de tout cela plus tard si vous le voulez bien."

Sur quoi il rejoignit la porte qu'il déverrouilla. La main sur la poignée, il eut une seconde de pose.

"Et sachez que je suis beaucoup plus délicat lorsque je ne sors pas d'un bain de sang..."

Il disparut dans le couloir, laissant la porte ouverte derrière lui.
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